Carancho

Plongée dans la nuit de Buenos Aires, où l’asphalte comme les hôpitaux sont maculés de sang, «Carancho» de Pablo Trapero s’introduit dans une réalité funeste, hélas véridique… Oiseau charognard d’Amérique, le caracara, surnommé «carancho», se nourrit avec appétit des cadavres d’animaux écrasés par les chauffards. En Argentine, le terme s’applique aux avocats véreux qui spolient les victimes de la route, en s’attribuant les pleins pouvoirs judiciaires pour toucher les indemnités versées par les assurances. Un marché juteux puisque les accidents de voiture constituent la première cause de mortalité du pays! Depuis qu’il a été écarté du barreau, Sosa (Ricardo Darin) est à la solde d’avocats et de flics corrompus. Suivant les ambulances et rôdant autour des urgences, il cherche des blessés ou des tués. Pire, il lui arrive d’organiser lui-même les accidents! Un soir, il fait la connaissance d’une jeune urgentiste nommée Lujan (Martina Guzman). Bénéficiant de l’autorité du médecin, elle semble mieux s’en sortir que lui, mais peine à tenir son horaire infernal. Réunis dans leur déveine, Sosa et Lujan tombent amoureux et rêvent de rédemption… Servi par des acteurs d’une remarquable authenticité (Martina Gusman a elle-même fréquenté un hôpital pendant plusieurs semaines), «Carancho» multiplie les crashs automobiles et les électrochocs dans les salles de réanimation. Aujourd’hui, le film est lui-même à l’origine d’un projet de loi «anti-carancho». Brutal mais passionnant, ce film révèle donc une actualité troublante!

Ad vitam