A voir mercredi 12 août 2015 à 15h20 sur Arte |
Contrairement à ses voisins arabes, le Liban compte nombre de réalisatrices. Méconnues sous nos latitudes, les Heiny Srour, Jocelyne Saab, Randa Chahal Sabbag et autre Danielle Arbid s’efforcent d’imposer leur sensibilité dans un contexte de production dominé par les hommes. Dernière venue, Nadine Labaki signe à l’âge de trente-quatre ans un premier long-métrage remarquable d’équilibre.
Film choral, «Caramel» a pour centre névralgique un salon de beauté beyrouthin qui constitue un véritable refuge pour les femmes. L’idée n’est pas nouvelle. Des cinéastes comme Georges Cukor ou, plus près de nous, Tonie Marshall, l’ont déjà exploitée, mais, ici, le contexte sociologique est très différent… Autour de Jayale, la patronne du salon, gravitent quatre autres femmes qui ont toutes à souffrir de la pesanteur d’une tradition, laquelle n’est guère à leur avantage. Chrétiennes ou musulmanes, elles viennent évacuer dans ce lieu convivial la frustration qui mine leur existence. Sous ses dehors de femme indépendante, Jayale est soumise aux mêmes compromis…
Même si elle alterne de façon un peu mécanique séquences de groupe et scènes solitaires, la jeune cinéaste décrit ce microcosme avec une verve excessive, bien dans le tempérament extraverti des habitantes du Pays du Cèdre. A l’image de l’onctueux caramel que Jayale utilise comme dépilatoire, son film sait pourtant varier les registres, entre douceur et douleur, servi il est vrai par des actrices d’autant plus remarquables, qu’elles sont toutes de parfaites amatrices.
Sukkar banat
de Nadine Labaki
France / Liban, 2007, 1h35