A voir samedi 15 mars 2014 à 02h00 sur Arte |
Bertrand Tavernier, l’homme aux multiples casquettes, s’est illustré dans de nombreux domaines cinématographiques. Critique aux Cahiers du cinéma, Positif ou encore Cinéma, il a également rédigé une somme captivante sur le cinéma américain («Cinquante ans de cinéma américain») dans lequel il raconte ces réalisateurs qu’il affectionne tant. En 1974, il réalise «L’Horloger de Saint-Paul», son premier long-métrage et premier succès, qui témoigne d’une collaboration durable avec Philippe Noiret.
Tavernier est de ces cinéastes particulièrement cinéphiles qui ne se cantonnent pas à un genre ou à des coutumes cinématographiques nationales. Fervent admirateur du cinéma à l’américaine, il a, comme ses confrères d’outre-Atlantique, exploré la comédie dramatique, le film de guerre, le thriller policier ou encore le film historique, sautant non sans virtuosité d’une époque à l’autre, animé par la certitude que le passé est «une lumière qui peut éclairer notre présent». De «Que la fête commence» (1975) à «La Vie et rien d’autre» (1989), en passant par «Le Juge et l’Assassin» (1976), «Coup de torchon» (1981) ou encore «Un Dimanche à la campagne» (1984), l’auteur de «La Passion Béatrice» (1987) a bousculé plus d’une fois l’Histoire officielle de France. Pour «Capitaine Conan», Tavernier évoque un aspect aussi sombre que particulier de la Première Guerre mondiale.
En automne 1918, les Balkans sont mutilés par les affrontements avec les bolcheviques alors que l’armistice a été signé en France. Le Capitaine Conan est à la tête d’une brigade de jeunes soldats pillards et belliqueux. Se considérant comme des guerriers et non des soldats, ces hommes sèment le chaos dans les tranchées. Dispensé des principes moraux qui régissent la société en temps de paix, l’homme devient un véritable loup pour l’homme. En ravivant ce sombre épisode de l’Histoire, Bertrand Tavernier frappe fort en jetant une vive accusation à la figure d’un prétendu héroïsme.
de Bertrand Tavernier
France, 1996, 2h10