Ça s’est passé à Rome

A voir dimanche 17 janvier 2016 à 1h sur France 3 |

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Le dixième long-métrage de Mauro Bolognini, «Ça s’est passé à Rome» (1961), clôt de façon bienvenue le remarquable cycle de films que «Le Cinéma de Minuit» de France 3 a consacré à la production italienne post-néoréaliste. «La giornata balorda» (titre original italien), que l’on peut traduire par «Une drôle de journée», constitue l’adaptation d’une nouvelle d’Alberto Moravia tirée des «Racconti romani». Avec Moravia, un certain Pier Paolo Pasolini, qui était sur le point de faire ses débuts avec «Accatone», en a écrit le scénario.

Chômeur âgé d’une vingtaine d’années, David (Jean Sorel) a fait un enfant malencontreux à sa jolie voisine (Lea Massari). Même s’il n’en est guère amoureux, le jeune homme parle de prendre ses responsabilités en l’épousant. Désireux d’acheter le fonds de commerce d’un fripier ambulant pour se faire une situation, il cherche pendant toute une journée les cinquante mille lires dont il a besoin.

Commence alors sous la chaleur intense de l’été romain une quête qui permet au réalisateur des «Garçons» (1959), déjà tiré d’un roman de Pasolini, de faire par la bande un portrait au vitriol de l’Italie de la reconstruction gangrenée par la corruption, la lâcheté et l’hypocrisie. Son protagoniste multipliera les plans foireux, avant de mettre la main sur la bague d’un mort, dont la vente lui permettra de réunir l’argent nécessaire.

Une décennie plus tard, nous sommes loin des leçons de dignité prodiguées par le néo-réalisme de l’immédiate après-guerre. L’antihéros plein de vitalité roublarde de Bolognini pense simplement à tirer son épingle du jeu, à quitter au plus vite le camp des victimes… L’on reconnaît là le coup de griffe de Pasolini qui n’eut pas son pareil pour pointer le désenchantement de la société italienne de l’époque. Les censeurs ont interdit la sortie du film pour sa soi-disant «immoralité». C’est donc que «Ça s’est passé à Rome» visait très juste!

La Giornata balorda
de Mauro Bolognini
Italie / France, 1960, 1h42