A voir dimanche 10 août 2014 à 22h25 sur Arte |
Les acteurs «véridiques» du dernier film en date de Wim Wenders, un «musicumentaire» pour reprendre ses propres termes, ont un âge certain: Compay Segundo, un mythe vivant de la musique cubaine, a 92 ans; son compère Ibrahim Ferrer, 72 ans, Rubén González, 80 ans, Eliades Ochoa, 84 ans; quant à Omara Portuendo, l’«Edith Piaf de la Havane», on taira son âge, parce que c’est tout simplement l’une des plus grandes chanteuses de boléro de tous les temps.
Mais que peut bien faire ensemble cette bande de «pépés» du «son cubano»…? De la musique pardi! Et ce, grâce au dénommé Ry Cooder (guitariste émérite et compositeur du leitmotiv lancinant de «Paris, Texas», 1984) qui, un beau jour de mars 1996, extirpa ces musiciens légendaires d’une retraite un brin forcée (plus tellement de contrats!) et pas vraiment dorée (du moins pour certains d’entre eux).
De retour en studio, tout ce beau monde ridé comme une vieille pomme mais toujours empli d’un dynamisme musical extraordinaire enregistre sous la houlette de Cooder l’album de la résurrection; vendu sous le titre «Buena Vista Social Club», l’enregistrement en question se vendra à plus d’un million d’exemplaires.
Mais le conte de fées ne va pas s’arrêter en si bon chemin… En travaillant sur la musique de «La Fin de la violence», Cooder parle à l’auteur des «Ailes du désir» (1987) de son aventure cubaine et lui met, semble-t-il, l’eau à la bouche, car ce dernier écoutera des jours durant une cassette de l’enregistrement de l’album… Au printemps 1998, Wenders va alors longuement filmer ces légendes vivantes (en tournée, dans leur quotidien de la Havane, jusqu’au concert très symbolique du Carnegie Hall, à New York) qui, entre temps, se sont fait connaître sous le nom de Super-Abuelos, c’est-à-dire les «Super grands-pères».
A leur contact bénéfique, Wenders semble avoir oublié tous ses discours sur la «mort du cinéma» et se laisse aller à faire un «petit» film très jubilatoire. A voir ou revoir avec plaisir, d’autant que depuis lors les Rubén González, Compay Segundo et autre Ibrahim Ferrer s’en sont allés jouer sous d’autres cieux.
de Wim Wenders
Allemagne / Etats-Unis / Cuba, 1999, 1h45