Brüno

A voir jeudi 8 août 2013 à 0h35 sur TF1 |

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Troquant la défroque de Borat Sagdiyev, journaliste kazakh improbable, contre celle de Brüno, présentateur autrichien homosexuel, Sacha Baron Coen a pilonné derechef les travers de l’«american way of life». Un délire encore plus transgressif, toujours en forme de reportage télé raté!

La nouvelle est plutôt rassurante: les Américains aiment à rire d’eux-mêmes! Pour preuve, ils ont réservé un accueil triomphal à la nouvelle satire folle furieuse du créateur du show télévisé «Da Ali G Show» qui, lors de sa première semaine d’exploitation aux Etats-Unis, a détrôné au box-office le troisième volet trop correct de l’«Age de glace»! Comme Borat, l’alter ego du comédien britannique d’origine israélienne provient du vivier corrosif de son émission diffusée sur Channel Four depuis 2000 et répercuté sur le territoire américain par HBO dès 2002. Présentateur de mode autrichien, Brüno est licencié après une prestation catastrophique à un défilé de mode prestigieux. Tétanisé à l’idée de retourner à l’anonymat, ce gay luron décide de partir aux Etats-Unis, histoire de se forger une célébrité à toute épreuve. Accompagné par Lutz, son fidèle souffre-douleur, il s’efforce alors de réaliser son idéal dans le berceau d’origine de la «pipolisation»…

Alternant scènes fictives et immersions provocantes dans le réel américain sur le mode de la caméra cachée, Sacha Baron Coen multiplie les piques assassines avec un engagement dans l’outrance et la vulgarité qui fait parfois craindre pour sa sécurité, épinglant avec une férocité jouissive les dérives d’une société entièrement axée sur le spectacle, la médiatisation. Prêt à tout pour accéder au rang tant envié de «people», Brüno imite par exemple Madonna en adoptant un bébé noir, se mêle de politique internationale et va jusqu’à vouloir sacrifier son identité sexuelle, qu’il affiche pourtant de façon très ostentatoire, via l’imposition des mains d’un prêtre se targuant de convertir à l’hétérosexualité l’homo le plus convaincu! Pas plus que «Borat» était une charge contre la nation kazakhe, n’en déplaise au Président Nazarbaev qui le voua aux gémonies sans même l’avoir vu, «Brüno» ne brocarde pas l’homosexualité, sinon pour en faire un révélateur de la bêtise humaine dont la cote semble en nette augmentation en ces temps trop médiatiques.

de Sacha Baron Cohen
Etats-Unis, 2009, 1h45