Boulevard de la mort – un film Grindhouse

A voir vendredi 8 novembre 2013 à 23h55 sur RTS Un |

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Un ex-cascadeur balafré se reconvertit en tueur en série. Au volant de sa Ford Mustang caparaçonnée pour résister aux chocs frontaux, Mike (Kurt Russell) poursuit de ses assiduités meurtrières des jeunes filles bavardes et court vêtues. Avec une nonchalance feinte, il s’attache aux pas dévergondés de trois bimbos en goguette à Austin, Texas. Las, le vilain ne tarde pas à les zigouiller plein gaz.

Nullement rassasié, Mike le macho reprend le volant pour vadrouiller du côté du Tennessee où il compte bien réitérer ses tristes exploits. Pistant un nouvel aréopage de victimes rafraîchissantes, ce très bon conducteur tombe sur un os en la personne d’une cascadeuse assez retorse (jouée par Zoe Bell qui est du métier)… L’heure de la revanche a sonné pour le sexe dit faible! Ainsi résumé, l’avant-dernier film du réalisateur de «Inglorious Basterds» semble relever de la crétinerie pure. Certains critiques ne se sont pas privés de l’écrire, mais ils sont peut-être allés un peu vite en besogne.

Comme son titre complet l’indique («Boulevard de la mort, un film Grindhouse»), le sixième long-métrage du réalisateur de «Kill Bill» revêt les oripeaux simplistes de la série Z pour pasticher un type de production qui a bercé son enfance de «cinéphage». A l’origine, le terme «Grindhouse» désignait un double programme destiné aux drive-ins et aux cinéma permanents. Les films en étaient bruts de décoffrage, voués à satisfaire les pulsions les plus primaires.

Désireux de renouer avec les vertus de ce genre fort peu correct, Tarantino et son compère Robert Rodriguez ont fagoté un double programme qui a essuyé un échec retentissant aux Etats-Unis. Avec ces fausses sautes de pellicule, son étalonnage volontairement dégueu et son absence totale d’effets spéciaux, la contribution de Tarantino acquiert une dimension quasi proustienne et, en tous les cas, joyeusement subversive, surtout à l’ère de notre triste perfection numérique.

Death Proof
de Quentin Tarantino
Etats-Unis, 2007, 1h55