Bonjour tristesse

A voir samedi 21 mars 2015 à 08h55 sur RTS Un |

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Formé par Ernst Lubitsch, le cinéaste d’origine viennoise Otto Preminger développa un sens très poussé de l’exigence que les Majors hollywoodiennes prirent pour de l’arrogance, d’autant que son regard possédait une acuité critique fort peu américaine ! Malgré des rapports très conflictuels avec ses producteurs, Preminger explora maints genres de façon très convaincante : film noir («Laura» 1944), film policier («Mark Dickson, détective», 1950), drame psychologique («Le mystérieux Docteur Korvo», idem), western («La Rivière sans retour», 1954), comédie musicale («Carmen Jones», idem), etc.

Adapté du roman de Françoise Sagan, «Bonjour tristesse» (1958) est sans doute l’un de ses films les plus intimistes, porté par une Jean Seberg merveilleuse de lucidité fragile… Cécile (J. Seberg) vit avec son père, Raymond (David Niven), un veuf désœuvré qui collectionne les maîtresses et néglige l’éducation de sa fille. Survient Anne (Deborah Kerr), l’une des meilleures amies de sa mère décédée. Visiblement éprise de son père, elle va rapidement devenir une rivale pour Cécile…

Filmant le passé en couleur et le présent en noir et blanc, Preminger procède à une inversion de la convention cinématographique qui contribue à créer un sentiment authentiquement tragique. Le cinéaste redouble cette hyperbate formelle en utilisant le format Scope pour capter les mouvements imperceptibles de ce drame intimiste… Un des plus beaux films jamais tournés sur la corruption du temps !

de Otto Preminger
Etats-Unis, 1958