A voir dimanche 11 mai 2014 à 0h15 sur France 3 |
Issu de la classe ouvrière, Elio Petri (1929) est mort d’un cancer à l’âge de cinquante-trois ans, nous léguant une œuvre riche de onze longs-métrages qui font de lui l’un des cinéastes italiens les plus particuliers de notre premier siècle de cinéma, l’un des plus méconnus aussi… Journaliste, critique de cinéma, membre du parti communiste qu’il quitte dès 1956 pour protester contre l’«invasion» hongroise par les Soviétiques, Petri apprend le cinéma auprès du grand metteur en scène néoréaliste Giuseppe De Santis, l’auteur de «Riz amer». Petri tourne son premier long-métrage en 1961, «L’Assassin», puis enchaîne avec des films aussi corrosifs qu’engagés qui auront plus d’une fois maille à partir avec la censure italienne («Les Jours comptés», «Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon», Oscar du meilleur film étranger en 1970, «La Classe ouvrière va au Paradis», Palme d’or à Cannes en 1972, etc.).
Quand le futur réalisateur de «Todo modo» (1976) s’attelle à la réalisation de «A chacun son dû» en 1967, adapté d’un roman de Leonardo Sciascia, il n’est pas encore considéré comme l’un des «analystes les plus lucides et les plus désespérés de la schizophrénie contemporaine», pour reprendre la belle définition de l’essayiste Jean A Gili, l’un des meilleurs connaisseurs du cinéma italien de l’époque… Dans un village de Sicile, Arturo Manno et le docteur Roscio perdent la vie lors d’une partie de chasse. En raison des infidélités de l’une des victimes, les autorités concluent à un règlement de compte. Mais Paolo Laurana, l’un de leurs amis, est persuadé que la vérité est ailleurs. Avec l’aide de Luisa, la veuve de Roscio, il mène une enquête qui le conduit sur une piste mafieuse…
Palme du meilleur scénario à Cannes, «A chacun son dû» ne doit pourtant pas être vu comme le thriller politique que le résumé laisse présager. Favorisant les dialogues et le développement psychologique de ses personnages (une caractéristique qui l’a toujours démarqué d’un autre cinéaste politique italien, le grand Francisco Rosi), Elio Petri ne montre rien ou presque de la menace qui plane sur cet univers. Il est alors davantage question de chronique sociale, de narration et de moralité que d’un geste révolutionnaire.
A ciascuno il suo
de Elio Petri
Italie, 1967, 1h39