La Règle du jeu

A voir lundi 1er mai 2017 à 20h50 sur Arte |

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Fils du grand peintre impressionniste dont il a vendu quelques toiles pour financer ses films, Jean Renoir appartient au gotha des cinéastes qui, dans les années trente, ont fait évoluer de façon décisive le septième art. Représentant d’une classe sociale privilégiée qu’il sait être en voie de disparition inéluctable, mais dont il ne renie pas l’héritage humaniste intellectuel et culturel, Renoir est en sympathie avec les idées du parti communiste. Cette ambivalence, le réalisateur de «La Grande illusion» la surmonte en mettant au-dessus de tout son amour des personnages.

De façon géniale, il traduit en termes cinématographiques l’adage redoutable qui énonce que «chacun a ses raisons», ce qui implique qu’un bon cinéaste doit aimer un tant soit peu tous ses personnages, même les plus salauds! Selon Renoir, c’est même la condition impérative pour échapper à la réduction fonctionnelle à l’œuvre dans la plupart des films et accéder à un véritable «réalisme intérieur». Il suffit de revoir «La Règle du jeu» (1939), sans doute son plus grand chef-d’œuvre, pour prendre conscience du trouble entraîné par la stricte observance de cette représentation «démocratique».

Interdit à l’époque pour «défaitisme», ce «drame gai» (ainsi que l’a qualifié son auteur) constitue un chassé-croisé époustouflant entre maîtres et domestiques dans une grande propriété sise en Sologne, dont personne ne sort indemne mais nullement méprisé. Usant de la profondeur de ce champ comme d’un révélateur, Renoir débusque les faux-semblants avec une virtuosité inouïe, qui frappe encore aujourd’hui par son caractère novateur. L’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma français, pas moins!

de Jean Renoir
France, 1939, 1h52