Garçon stupide

A voir mardi 21 mars 2017 à 23h15 sur RTS Deux |

Premier long-métrage de fiction du cinéaste suisse romand Lionel Baier, «Garçon stupide» a eu le don de partager son public lors de sa sortie lémanique, ce qui est toujours très intéressant, voire bon signe. Remarquable documentariste, Baier s’est affirmé dans ce genre dès 2000 grâce à «Celui au pasteur (ma vision personnelle des choses)», portrait subtil et assassin de son père. L’année suivante, il réalise un second long-métrage documentaire, «La Parade (notre histoire)», restitution très réussie de la Gay Pride 2001 dont la digne et belle tenue à Sion mit sens dessus dessous le très (trop) conservateur canton du Valais. Actuellement responsable de l’unité cinéma de l’Ecole des Arts de Lausanne (Ecal), Baier a donc fait le pari, risqué, de la fiction avec «Garçon stupide» qui possède sans nul doute des résonances autobiographiques.

Ouvrier dans une chocolaterie industrielle près de Bulle, Loïc (Pierre Chatagny) se rend à Lausanne le soir venu pour s’éclater dans des aventures sexuelles parfaitement anonymes et donc sans lendemain. Flottant à la dérive, il s’accroche à l’idée, sans doute illusoire, que quelque chose d’exceptionnel va lui arriver et que sa vie en sera changée! A Lausanne, une amie d’enfance, Marie (Natacha Koutchoumov) l’héberge au retour de ses errances urbaines. C’est d’elle que proviendra le déclic… Au bénéfice d’une direction d’acteurs remarquable, le film de Baier tient du roman d’apprentissage dont le ton très libre (et parfois très cru) ne contredit en rien le beau projet moral – cesser d’être un garçon stupide, se prendre en mains! Partant, Baier semble s’inscrire dans le sillage ô combien salubre d’un Larry Clark (Ken Park).

de Lionel Baier
Suisse, 2004, 1h34