A voir dimanche 2 octobre à 0h20 sur France 3 |
Transposition du roman «L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut» (1728-1731) de l’abbé Prévost dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale, «Manon» se déroule en Normandie où, peu après la Libération, le maquisard Robert Desgrieux sauve Manon Lescaut, accusée d’avoir collaboré avec les nazis, d’un lynchage public. Après l’avoir emmenée à Paris, il accepte de travailler pour la pègre afin de lui offrir la vie de luxe dont elle rêve. Mais Manon ne se laisse pas satisfaire aussi facilement et s’adonne à la prostitution pour arrondir grassement ses fins de mois. Fou d’amour, Robert est néanmoins prêt à tout pour s’attirer ses faveurs, jusqu’à atteindre un point de non-retour…
Sommet de noirceur, «Manon» jette, à l’instar de précédents films de Clouzot, un regard très contrasté sur la société française d’après-guerre. Jamais tendre, souvent cruel, le cinéaste oppose la naïveté de Robert à l’amoralité de Manon, n’hésite pas à développer leur histoire d’amour dans les bas-fonds crasseux et étouffants de Paris, mais ne perd pour autant jamais de vue le lyrisme poétique qui caractérise son cinéma, comme en témoigne une sublime scène finale filmée dans le désert. En résulte un drame psychologique bouleversant, et l’occasion de découvrir la toute jeune Cécile Aubry dans le rôle qui a véritablement lancé sa carrière.
de Henri-Georges Clouzot
France, 1948, 1h40
