Habilement fomenté par François Ruffin, journaliste et fondateur du journal Fakir, «Merci patron!» est une farce documentaire très en colère contre la société LVMH, auquel on reproche d’avoir délocalisé ses usines de textiles en Pologne, condamnant au chômage des centaines d’ouvrières à Maubeuge. Caméra au poing, humour grinçant en bandoulière, Ruffin décide de jouer son Michael Moore de service en tentant de rencontrer Bernard Arnault, le PDG de LVMH.
Après avoir acquis une action, le journaliste peut vêtir son t-shirt « I Love Bernard » et s’inviter à l’assemblée générale du groupe. Tentant de donner de la voix, le trublion est aussitôt expulsé. Avec l’aide d’une militante syndicaliste, notre croisé ourdit alors ce qu’il appelle lui-même «une machination» pour confondre le grand patron en instrumentalisant pour les besoins de sa cause un couple licencié par LVMH. Réduits à vivre avec 450 euros par mois, Serge et Jocelyne Klur sont sur le point de voir saisir leur maison qui est leur seul bien.
Avec leur accord, Ruffin se fait passer pour leur fils et écrit à Arnault en le menaçant d’alerter la presse si «son papa et sa maman» ne reçoivent pas un dédommagement de 35’000 euros et un emploi. Soucieux de son image, le patron tout-puissant leur dépêche aussitôt son préposé à la sécurité, ancien commissaire des renseignements généraux. N’en disons pas plus, sinon que la négociation qui s’ensuit, filmée par une caméra cachée dans le salon des Klur, est ahurissante, un concentré de comédie sociale comme aucun scénariste n’aurait jamais osé en écrire!
de François Ruffin
France, 2016, 1h24
