A voir dimanche 13 mars 2016 à 0h25 sur France 3 |
Dans son cabinet de curiosités, le Cinéma de Minuit est allé chercher une nouvelle rareté, hybride fascinant de fantastique, d’horreur gothique et de drame psychologique, due à Martin Gabel (1912-1986), un acteur de grand talent et l’un des membres fondateurs de la fameuse troupe du Mercury Theater dirigée par Orson Welles. En 1947, Gabel, peut-être sous l’influence de Welles, décida de passer lui aussi derrière la caméra pour réaliser «The Lost Moment», tiré du roman d’Henry James, «Les Papiers d’Aspern».
Un éditeur new-yorkais se rend à Venise à la recherche de lettres d’amour de Jeffrey Ashton, un grand poète du dix-neuvième siècle disparu dans des circonstances mystérieuses, dans l’espoir de les publier. Il croit que ces lettres sont cachées dans un palais où Ashton a vécu avec sa dernière maîtresse, Juliana Bordereau, à qui elles étaient adressées. Mentant sur sa véritable identité, l’éditeur se fait passer pour un écrivain en villégiature, afin de ne pas éveiller les soupçons de Juliana âgée de cent-cinq ans vivant recluse dans le palais et de sa nièce Tina au comportement plutôt étrange…
«The Lost Moment» dégage une atmosphère à nulle autre pareille, faisant de l’immense et dédalique palazzo vénitien où se déroule la majeure partie de l’action un étrange royaume des morts où passé et présent contaminent tout un chacun… Incompris à sa sortie, le film n’eut aucun succès, malgré les prestations remarquables de Robert Cummings, Susan Hayward et Agnès Moorehead. Fort marri, son réalisateur se contenta dès lors de jouer les seconds rôles pour Hitchcock, Mankiewicz et autre Wilder.
de Martin Gabel
Etats-Unis, 1947, 1h29