Le Dernier Empereur

A voir jeudi 18 mai 2017 à 20h50 sur Gulli |

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Ex-assistant de Pasolini, Bernardo Bertolucci a participé au renouveau post-néo-réaliste du cinéma italien avec des films clefs sur le désenchantement politique comme «Prima della rivoluzione» (1964) et surtout «La Stratégie de l’araignée» (1970). En 1972, le cinéaste italien obtient une reconnaissance internationale avec «Le dernier tango à Paris», œuvre sublime et convulsive que maints pays censurèrent.

Disposant dès lors de moyens non négligeables, le Parmesan se lance dans des grandes fresques, tel le diptyque 1900 qui couvre près de quarante ans d’histoire italienne, du début du siècle à la fin du fachisme, via les vicissitudes endurées par une famille de paysans pauvres en butte à une dynastie de grands propriétaires terriens…

Après le bien trop sous-estimé «Tragédie d’un homme ridicule» (1981), essai de tragicomédie à l’italienne, Bertolucci renoue avec le film historique à grand spectacle… «Le Dernier empereur» (1987) est un biopic fastueux qui retrace l’existence très contrariée du Mandchou Pu Yii, qui régna tout d’abord de 1908 à 1912 et abdiqua après la proclamation de la première République de Chine, avant d’être récupéré par les envahisseurs japonais qui en firent un monarque fantoche dès 1934.

L’imposture dura jusqu’en 1945, année où Pu Yii fut à nouveau déposé par ses compatriotes. Quelques années plus tard, la Chine Populaire de Mao le rééduqua pour en faire un travailleur comme les autres… Devenu jardinier, le «dernier empereur» est mort en 1967.

Avec une perception aigüe du contexte historique, Bertolucci retrace ce destin exceptionnel, fasciné qu’il est par son protagoniste balloté par les courants contraires de l’Histoire, dont on ne sait s’il fut un caméléon habile ou une marionnette sans cervelle agitée par les uns et les autres. En dépit de quelques lourdeurs épiques, le film tient toujours parfaitement le coup, notamment dans sa première heure qui décrit l’enfance de Pu Yii dans la Cité interdite.

The Last Emperor
de Bernardo Bertolucci
France / Hong-Kong / Italie / Grande-Bretagne, 1987, 2h25