A voir jeudi 15 octobre 2015 à 1h30 sur M6 |
Lina Wertmüller, de son vrai nom Arcangela Felice Assunta Wertmüller von Elgg Spanol von Braueich, a connu son heure de gloire au début des années septante. Née à Rome en 1926, assistante de Fellini sur «Huit et demi» (1963), dont elle cosigne aussi le scénario, cette réalisatrice italienne d’origine suisse allemande œuvre dans le registre de la «comédie à l’italienne» avec un goût prononcé pour la caricature, le grotesque, qui fait référence à la commedia dell’arte.
Moins subtile que ses contemporains Risi, Scola et Monicelli, «la» Wertmüller grossit le trait à l’extrême, une démarche outrancière qu’elle assimile à un véritable travail de subversion «populaire»… Avec «Un film d’amour et d’anarchie» (1973), «Mimi, métallo blessé dans son honneur» (1972) constitue sans doute et à la fois son plus grand succès et sa plus grande réussite…
Jeune ouvrier communiste dans une usine de souffre à Catane, en Sicile, Mimi vote contre le candidat donné favori aux élections locales, un mafieux notoire. Dénoncé, il est licencié. Laissant derrière lui sa femme, il s’exile à Turin. A nouveau contacté par la mafia, Mimi s’invente un lien familial avec l’un de ceux «sont tous cousins» et parvient à donner le change. Ce mensonge lui vaut d’être promu métallo, puis contremaître. Alors qu’il voit s’effondrer tous ses idéaux, Mimi faite la connaissance d’une jeune militante trotskiste…
Poussant la farce à ses dernières limites, «la» Wertmüller saute allégrement d’un genre à l’autre (mélo, burlesque, satire sociale, policier), avec dans sa ligne de mire le machisme d’une société gangrenée jusqu’à l’os par la corruption et le népotisme… Un critique de l’époque l’avait traité à raison de «Buster Keaton sous acide»!
Dans le rôle de Mimi, l’admirable Giancarlo Giannini, qui va devenir l’un des acteurs fétiches de la réalisatrice, en fait des montagnes, tournant et retournant sa veste avec un abattage assez extraordinaire, donnant à son personnage d’anti-héros absolu une dimension clownesque éberluante… «La» Wertmüller ne retrouvera plus jamais une telle faconde, s’abîmant progressivement dans un art trop facile de la provocation!
Mimì metallurgico ferito nell’onore
de Lina Wertmüller
Italie, 1972, 2h10