A voir samedi 3 janvier 2015 à 01h25 sur Arte |
Avec «Wendy et Lucy», micro-portrait de l’Amérique, où les rapports humains, parfois doux, parfois rudes, restent inévitablement conditionnés par l’argent, la cinéaste Kelly Reichardt se rapprochait du genre américain par excellence: le western. Avec «La Dernière piste», elle explore entièrement le genre et offre une nouvelle fois à Michelle Williams l’opportunité de s’illustrer par son jeu précis et subtil.
En 1845, dans l’Oregon, trois familles de pionniers s’en remettent au trappeur Stephen Meek pour atteindre les terres cultivables qu’on leur a tant fait miroiter. Connaissant un soi-disant raccourci, leur guide les emmènent au beau milieu du désert, où la faim et la soif se font cruellement sentir. Le convoi croise alors la route d’un Indien, qui va ébranler les convictions des pionniers: doivent-ils lui accorder leur confiance?
A travers ce film à petit budget, tourné au cœur de vastes étendues désolées, Kelly Reichardt représente toute la violence que la conquête de l’Ouest a sourdement mis en place à ses balbutiements. Guidés par deux archétypes du mythe, le cow-boy et l’Indien, les pionniers se retrouvent prisonniers de terres arides et d’une foule d’ennuis sanitaires, qui vont mettre à mal le rêve américain qui les avait animés jusque-là. Surtout, «La Dernière Piste» renouvelle le genre en montrant que la mythologie américaine n’est pas seulement une histoire d’hommes, mais qu’elle s’est aussi construite autour de femmes travailleuses et décisionnaires. En résulte un western féministe et iconoclaste d’une singularité passionnante!
Meek’s Cutoff
de Kelly Reichardt
Etats-Unis, 2010, 1h44