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Sur une Terre polluée, où la vie touche à sa fin, la NASA a repéré une faille aux confins de la galaxie. Dans l’espoir d’y trouver le salut de l’humanité toute entière, ou du moins ce qu’il en reste, on décide d’y envoyer un père de famille (Matthew McConaughey). Propulsé parmi des méandres spatio-temporels qui manquent de le désincarner et le conduisent dans le couloir de la mort, l’astronaute en chef peut non seulement compter sur ses collègues, mais surtout sur son lien affectif avec sa fille…
Spécialiste de l’amnésie dans «Memento», biographe retors de Batman, Christopher Nolan sait l’art d’échapper au formatage des superproductions usinées à Hollywood, et celui de rendre parfaitement naturels des scénarios alambiqués. A ce titre, l’emblématique «Inception» brouillait à loisir les repères du spectateur au sein d’un festival d’artifices complexes, mais d’une simplicité cinématographique parfois affligeante. Certes plus fort en émotions, «Interstellar» n’échappe pas à ce paradoxe.
Oscillant entre la science-fiction et le mélodrame serti d’amour filial, «Interstellar» se déroule dans des décors d’une grande beauté, offrant une nouvelle jeunesse au grain de la pellicule. Le voyage interstellaire constitue dès lors une expérience sensorielle, esthétique et émotionnelle unique en son genre. Fleuve et sidérant s’il en est, le film souffre toutefois de trous très noirs et d’envolées spatio-temporelles peu vraisemblables. Bien qu’ils découlent de considérations scientifiques, philosophiques ou humanistes (pour certaines empruntées à un astrophysicien de renom), ces principes relaient des valeurs impérialistes et produisent nombre d’incohérences, habilement masquées sous une emphase visuelle et un sentimentalisme dignes de «Gravity», où la fascination le dispute à l’émotion!
de Christopher Nolan
Etats-Unis, 2014, 2h49