A voir samedi 19 juillet 2014 à 8h35 sur RTS Un |
L’œuvre, immense, d’Anthony Mann (1906-1967) s’inscrit dans un entre-deux: l’auteur de «L’Homme de l’Ouest» (1958) est en effet à la fois un «classique» par la rigueur linéaire de ses intrigues, la clarté et la simplicité fonctionnelle de sa mise en scène, son refus du pittoresque, de l’insolite, du baroque. Dans le même temps, il introduit dans le genre des valeurs inédites: la culpabilité, la névrose, la vengeance, l’intérêt, la peur de l’autre. Le western garde pourtant toute son intégrité en devenant dès lors le lieu naturel où l’on peut surmonter ces sombres passions, comme pour s’en purifier – à l’exemple de la catharsis chère aux tragédies grecques.
A partir de 1950, Mann entame la réalisation d’une série de westerns mythiques portés par James Stewart. La collaboration fructueuse entre le cinéaste et l’acteur s’étend pourtant au-delà de ce cycle et de ce genre très défini, comme en témoigne «Romance inachevée». Dans ce biopic, James Stewart incarne Glenn Miller, célèbre musicien et chef d’orchestre de jazz, son parcours difficile jusqu’à la reconnaissance de ses pairs et sa brutale disparition lors la Deuxième Guerre mondiale, alors qu’il se rendait à Paris pour remonter le moral des troupes armées à l’occasion d’un concert.
Seulement dix ans après la mort de Glenn Miller, Universal Studio ose le pari risqué de mettre en image sa vie. Face au succès colossal du film à sa sortie, le moins que l’on puisse dire, c’est que les producteurs firent preuve d’un excellent flair. Le «son Miller» étant encore dans les esprits de chacun, «Romance inachevée» devint immédiatement un classique, en dépit de la mise en scène très effacée d’Anthony Mann. Quant à James Stewart, aussi à l’aise un revolver à la main qu’un trombone à la bouche, il irradie littéralement cette émouvante biographie musicale dont la bande originale ne cesse de nous hanter malgré le poids des années.
The Glenn Miller Story
de Anthony Mann
Etats-Unis, 1954, 1h55