A voir mercredi 12 octobre 2016 à 20h40 sur RTS Deux |
Grand ponte de la publicité britannique des années 1970, Hugh Hudson comptait plus de 1500 films documentaires, institutionnels et publicitaires à son actif au moment où il se lançait dans son premier long-métrage, le très oscarisé «Les Chariots de feu» (1981). Trois ans plus tard, sur la base d’un scénario signé Robert Towne («Chinatown», 1974), il explore la légende de l’un des personnages les plus adaptés du cinéma en réalisant «Greystoke, la légende de Tarzan», une œuvre aussi dense que rigoureuse.
En 1885, Lord Greystoke et son épouse font naufrage au large des côtes africaines. Enceinte, elle accouche d’un petit John, mais succombe à la malaria, suivie de près par son époux. Le nouveau-né est recueilli par des singes qui l’élèvent comme leur semblable. Bien des années plus tard, l’explorateur Philippe D’Arnot rencontre ce mystérieux homme-singe et, découvrant la vérité sur ses origines, s’emploie à lui enseigner quelques rudiments de langage avant de le ramener en Angleterre.
Inventé par Edgar Rice Burroughs en 1912, Tarzan s’est vu décliner sous toutes les coutures, que ce soit sur le papier glacé des bandes dessinées ou la pellicule d’innombrables films d’aventures. Divers interprètes se succédèrent à l’écran jusqu’à Johnny Weissmuller qui, interprétant Tarzan à douze reprises, fit véritablement entrer le personnage dans l’inconscient cinématographique. A l’image de ce prédécesseur, Christophe Lambert livre une interprétation simiesque et humaine particulièrement convaincante qui lui a ouvert la porte de nombreux films anglophones (n’ayant, malheureusement, jamais vraiment servi sa carrière si ce n’est le cultissime «Highlander» (1986) de Russell Mulcahy).
Fort de l’expérience de son auteur au service de la petite lucarne, «Greystoke, la légende de Tarzan» bénéficie d’un style photographique caractéristique d’une époque télévisée où l’image était travaillée dans ses moindres détails (lumière, contraste, cadre). Mais Hudson excelle réellement en se rapprochant du texte originel. Contrairement aux auteurs qui l’ont précédé, le cinéaste favorise davantage l’étude du clivage qui sépare Tarzan de ses congénères humains que ses pérégrinations d’une liane à une autre. Et à l’Angleterre de devenir bien plus hostile que la jungle africaine…
Greystoke the Legend of Tarzan, Lord of the Apes
de Hugh Hudson
Grande-Bretagne / Etats-Unis, 1984, 2h15