Hahaha

A voir mercredi 14 mai 2014 à 23h45 sur Arte |

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Hong Sang-soo est le cinéaste d’un seul film, celui de l’enivrement, des amours manquées et de la trivialité, décliné avec une inventivité qui semble inépuisable. En dehors des cours qu’il donne dans les écoles de cinéma, il n’a eu de cesse de passer à son crible burlesque les sujets qu’il aborde. De «La Vierge mise à nue par ses prétendants» (2000) à «Haewon et les hommes» (2013), en passant par «In Another Country» (2012), le cinéaste a développé quinze films fascinants qui démontre tout l’intérêt de suivre de très près la nouvelle vague d’auteurs sud-coréens qu’il représente aux côtés de Park Chan-wook («Thirst», 2009), Bong Joon-ho («The Host», 2006) ou encore Kim Jee-woon («I Saw the Devil», 2010).

Quelques jours avant de s’envoler pour le Canada dans l’espoir de faire carrière dans le cinéma, Jo Moon-kyeong appelle son ami Bang Joong-sik pour prendre un verre. Ils trinquent une fois, puis deux, puis trois, et se racontent, sans en être conscient, les vacances qu’ils ont passées au même endroit, au même moment, en compagnie des mêmes personnes…

Le cinéaste a bien compris le pouvoir désinhibiteur de l’alcool et s’en sert comme d’un puissant révélateur pour approfondir le vécu de ses personnages. Dans «Hahaha», à mesure que le soju délie les langues, les souvenirs de l’un se recoupent dans le récit de l’autre, construisant le film par bribes, comme s’il se soumettait au rythme des verres qui s’entrechoquent. Aussi, la façon dont la narration écarte toute velléité spectaculaire – à l’instar de Rohmer, dont Hong Sang-soo revendique fièrement l’influence – permet d’atteindre une sensation d’authenticité rare. Tchin tchin!

de Hong Sang-soo
Corée du Sud, 2010, 1h56