A voir mardi 5 mai 2015 à 23h10 sur RTS Deux |
A coup de flashback, «Blue Valentine» raconte une histoire d’amour qui avait pourtant bien commencé. C’est le coup de foudre entre Dean (Ryan Gosling) et Cindy (Michelle Williams). Complices et passionnés, les deux jeunes amants se marient et donnent naissance à la petite Frankie. Six ans plus tard, quelques rides sont apparues ça et là, quelques cheveux sont tombés et une fissure se met à grandir inexorablement au sein du couple…
Optant pour une mise en scène effacée, presque invisible, Derek Cianfrance rappelle la démarche du «cinéma direct», un style documentaire largement utilisé par Jean Rouch, qui prône l’observation passive du filmeur et sa mise à distance par rapport aux images qu’il enregistre. Joliment appelé «fly-on-the-wall» (une mouche sur le mur) en anglais, ce parti pris permet dans «Blue Valentine» de donner une sensation d’authenticité et de fatalité rarement atteinte dans le cinéma de fiction américain (en dépit du flashback utilisé à l’envi pour nourrir la relation entre les deux personnages).
Remarquables interprètes, Ryan Gosling et Michelle Williams incarnent si bien leur personnage qu’il en devient d’autant plus difficile de faire la part des choses entre fiction et réalité. Jeunes et très amoureux, puis moins jeunes et plus vraiment amoureux, ils jouent la déliquescence universelle et inévitable de l’amour, élevant «Blue Valentine» au rang des films qui laissent une empreinte indélébile sur le spectateur. Auteur du non moins sublime «The Place Beyond the Pines» (2013), Derek Cianfrance fait aujourd’hui parties des cinéastes américains les plus prometteurs du moment.
de Derek Cianfrance
Etats-Unis, 2010, 1h54