La Vie privée de Sherlock Holmes

A voir mercredi 1er janvier 2014 à 2h15 sur Arte |

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D’origine viennoise, l’Américain Billy Wilder (1906-2002) n’est pas le cinéaste d’une seule scène, certes mythique (la robe de Marilyn soulevée par l’air d’une bouche d’aération du métro bien placée dans «Sept ans de réflexion»), bien loin de là! Observateur attentif des hypocrisies ordinaires, Wilder a réalisé quelques-uns des joyaux de la comédie américaine d’après-guerre ainsi qu’un chef-d’œuvre du film noir, «Assurance sur la mort» (1944).

Né à Sucha (une ville polonaise alors austro-hongroise), Billy Wilder (1906-2002) a commencé par faire du journalisme. Le futur réalisateur de «Boulevard du Crépuscule» (1950) travaille ainsi pour un journal viennois où il est commis au sport et aux faits divers. Il y rédige également des critiques de cinéma. S’installant à Berlin, Billy (qui doit ce diminutif à sa mère qui adorait les Etats-Unis) gagne sa vie comme gigolo dans un hôte de luxe. Entre deux pas de danse mondaine, il écrit des romans-feuilletons pour un tabloïd berlinois. Alors que le cinéma muet allemand vit ses grandes heures, il œuvre aussi comme nègre pour des scénaristes surchargés de travail.

Crédité au générique du film collectif «Les Hommes le dimanche» (1930) de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer, manifeste du courant dit de «la nouvelle objectivité» qui prétend faire retour au réalisme, histoire de se guérir des excès (sublimes) de l’expressionnisme, Wilder est engagé comme scénariste par la Universum Film où il collabore à l’écriture du scénario du film pour enfants «Emile et les détectives» (1931) de Gerhard Lamprecht. Hélas pour lui, Adolf Hitler prend alors le pouvoir. Du fait de ses origines juives, Wilder préfère s’exiler en France où il peut faire des débuts de réalisateur avec «Mauvaise graine» (1934) qu’il coréalise avec le cinéaste d’origine hongroise Alexander Esway.

Wilder réalise «La Vie privée de Sherlock Holmes» dans la partie crépusculaire de sa carrière. Il reprend le célébrissime personnage de Conan Doyle pour y apposer sa patte d’auteur, en témoignent le regard vaudevillesque qu’il pose sur la relation Holmes/Watson et des dialogues d’anthologie. Ne se satisfaisant pas d’une adaptation littérale, Wilder parvient à insuffler la dimension humoristique qui marque profondément son cinéma, tout en évitant l’écueil de la farce putassière. Dans un monde où toutes les apparences sont trompeuses, Holmes et Waston enquêtent sur le cas étrange d’une jeune femme amnésique, miraculeusement sauvée des eaux de la Tamise. Les indices qui reviennent peu à peu à sa mémoire conduit le duo de choc sur les rives du Loch Ness et à la rencontre de la reine Victoria. Insolite et maîtrisé de la première à la dernière image.

The Private Life of Sherlock Holmes
de Billy Wilder
Etats-Unis / Grande-Bretagne, 1970, 2h05