Conte d’hiver

A voir mercredi 23 octobre 2013 à 0h55 sur TV5 Monde |

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Eric Rohmer (1920-2010) est un grand cinéaste à la discrétion trompeuse. Passant à tort pour un classique, ce qui ne l’a pas gêné le moins du monde, ce Corrézien, né Jean-Marie Schérer en 1920 à Tulle, aura fait preuve d’une insolence créative sans pareille, tout au long d’une carrière d’une longévité exceptionnelle. Professeur de lettres se destinant en premier lieu à la littérature, Rohmer aborde le cinéma en animant un ciné-club du Quartier Latin à Paris, fréquenté par de jeunes trublions qui ont pour noms Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Avec eux, il fomente le soulèvement de la Nouvelle Vague, à la fois comme critique à la revue des Cahiers du Cinéma et réalisateur.

Dès 1950, Rohmer tourne son tout premier film, ce qui fait de lui le pionnier du mouvement. Abandonnant son poste de rédacteur en chef des Cahiers en 1963, il se consacre dès lors au seul cinéma. Optant pour des petits budgets pour conserver toute sa liberté d’auteur, ce janséniste frondeur va se révéler prolifique, signant une cinquantaine de titres, dont vingt-six long-métrages. Son œuvre se décline en cycles, à commencer par celui des «Contes moraux», dont le sixième, «Ma nuit chez Maud» (1969) lui vaut son premier succès public.

Deuxième opus du cycle des «Contes des quatre saisons» qui philosophe sur les sentiments amoureux et amicaux, «Conte d’hiver» suit les péripéties du coeur de Félicie. En vacances, elle rencontre son grand amour et le père de sa fille, Charles. Ayant fait une erreur en lui transmettant son adresse, elle perd toute trace de son âme soeur. A Paris, même si Loïc est fou de Félicie, elle se jette dans les bras de Maxence, son patron. D’un homme à l’autre, c’est l’image de Charles qu’elle essaie vainement de retrouver…

Inspiré du «Conte d’hiver» shakespearien, Rohmer transpose son histoire dans le présent et impose son style cinématographique à un thème central: l’indécision. Personnages d’intellectuels, dialogues soutenus, diction impeccable, tous les marqueurs de cette signature si particulière sont présents et proclament, une nouvelle fois, la parole en tant que reine du cadre.

de Eric Rohmer
France, 1991, 1h54