A voir dimanche 17 juillet 2016 à 22h40 sur TMC |
Dans la morne plaine que constitue le cinéma français des années cinquante (exception faite des Cocteau, Bresson, Guitry et autre Jacques Becker), «La Traversée de Paris» (1956) de Claude Autant-Lara constitue une anomalie féroce dont la noirceur et les accents ne sont pas sans rappeler Céline…
En 1943, dans Paris occupé, Martin (André Bourvil), chauffeur de taxi au chômage, survit en faisant du marché noir. Une nuit, il se retrouve à transbahuter un cochon entier mais découpé en sorte que le porc tienne dans quatre valises. Privé des services de son associé habituel qui vient d’être arrêté par la Gestapo, Martin demande à un inconnu de lui venir en aide. Ce dernier s’appelle Grandgil (Jean Gabin), artiste peintre reconnu et habité par une sombre misanthropie…
Adapté d’une nouvelle de Marcel Aymé et ciselé par les bons mots des scénaristes Aurenche et Bost («Salauds de pauvres!»), le quatorzième long-métrage du réalisateur du «Diable au corps» (1946) est le premier film à aborder le thème très délicat de l’Occupation, surtout à l’époque. Manifestement, Autant-Lara règle ses comptes en décrivant les compromis et petits arrangements de Français ordinaires et combinards qui n’avaient vraiment rien d’héroïque…
On gardera aussi en mémoire un épilogue très sarcastique qui fait de la différence de classes un principe désespérant apte à résister à toutes les guerres… Cette verve d’un sinistre souvent jubilatoire fait oublier l’académisme d’une mise en scène qui n’était pas le fort d’Autant-Lara… Dommage que cet anarchiste authentique soit devenu sur le tard un vieillard cacochyme éructant les pires thèses du Front national!
de Claude Autant-Lara
France, 1956, 1h35