Juha

de Aki Kaurismäki |
avec Kati Outinen, Sakari Kuosmanen, André Wilms, Markku Peltola, etc.


De Aki Kaurismäki, on ne peut vraiment dire qu’il est un cinéaste très rentable. Paresseux, buveur et finlandais, il tourne quand bon lui semble des films à son image: irrécupérables, singuliers, d’une beauté mélancolique, dont on ne peut tirer un quelconque produit dérivé… Prenez «Juha» (1998): muet, filmé en noir et blanc, d’une lenteur qui prend tout son temps … Impossible d’en faire un produit! Eh oui, c’est donc un vrai film (et sans l’un des plus beaux du 20ième siècle finissant). Hommage troublant d’actualité à un cinéma disparu (celui des Murnau, Borzage, Von Stroheim), «Juha» commence à la campagne: à la ferme du bonheur, Marja (Kati Outinen) aime son mari, Juha (Sakari Kuosmanen), mais en désire un autre, plus riche, le troublant Sheimeikka (André Wilms) qui l’entraîne à la ville. Las, Sheimeikka n’est qu’un souteneur et veut forcer Marja à se prostituer… Tirant tout le parti de cette métaphore naïve, Kaurismäki métamorphose ce retour aux sources du Septième Art en un film d’une modernité décoiffante par la grâce d’une bande sonore étonnante qui redistribue toutes les cartes… A voir et à revoir inlassablement, sans regarder à la dépense!
1998, Finlande, noir et blanc, 1h18; programme n°100