A voir jeudi 2 juin 2016 à 23h05 sur W9 |
Lorsqu’en l’an 2000 la 20th Century lui balance septante-cinq millions de dollars entre les pattes pour porter les «X-Men» à l’écran, le futur réalisateur du «Retour de Superman» (2006), «Walkyrie» (2009), mais également du pilote de la série «Dr House» dont il sera aussi le producteur, Brian Synger n’est de loin plus un inconnu. Attirant l’attention de la critique et du public dès 1993 avec «Ennemi public», une fable acerbe sur les méfaits des médias qui décroche le prix du Festival de Sundance, il confirme son talent de narrateur avec un thriller plutôt bien torché («Usual Suspects», 1995) et le récit d’une relation ambiguë entre un adolescent et un vieux criminel de guerre nazi («Un élève doué», 1997).
Séduit par l’univers fantastique et mythique des éditions Marvel (spécialisée dans les séries de super-héros comme «Spiderman», «L’Incroyable Hulk» ou «Iron Man») et par les premiers épisodes de la série «X-Men» au début des années 1960 («très contestataires» selon lui), Synger accepte avec entrain cette commande un brin risquée… Le saviez-vous? les mutants, surnommés X-Men (autrement dit les «hommes X») sont parmi nous! Détestés par nos semblables qui jalousent leurs pouvoirs «surnaturels», ils sont dans la part de nos sociétés victimes d’un ostracisme qui confine à l’exclusion pure et simple. De plus en plus rejetés (les gouvernements de toute la planète sont sur le point de se réunir pour décider de leur sort), les mutants choisissent leurs camps: réunis autour du «Professeur X» (Patrick Stewart), certains s’efforcent de nous convaincre que mutants et «normaux» peuvent vivre en harmonie; d’autres rejoignent la bannière du funeste Erik Magnus, dit «Magneto» (Ian McKellen) — ancien ami du «Professeur X» et, tout comme ce dernier, rescapé des camps de concentration nazis — qui veut faire des X-Men des machines de destruction pour prendre le pouvoir sur terre.
Pendant une demi-heure, le cinéaste réussit son coup: non seulement Singer restitue brillamment l’univers «enfantin» (dans le bon sens du terme) de la BD d’origine avec force d’effets spéciaux judicieusement «naïfs», mais il impose aussi une allégorie sur le drame de la différence qui fait mouche… Las, la belle machine s’enraye un peu par la suite: contraint à induire que «suite, forcément il y aura», le cinéaste retient volontairement certaines informations capitales sur le passé trouble de ses personnages hors norme et réduit peu à peu son propos à un affrontement manichéen très «amerloque» entre le bien («Professeur X» et le mal (l’infâme Magneto), ce qui fait perdre à son film (pourtant prometteur) pas mal de son «poil à gratter».
Deux ans après, Singer tournait une suite plutôt honorable qui faisait la lumière sur les origines mystérieuses de Wolverine (Hugh Jackman)… Appelé d’urgence sur le plateau de «Superman Returns», Singer abandonnera là ses héros aux multiples pouvoirs pour laisser à Brett Ratner («Rush Hour») le soin de réaliser le troisième épisode qui exacerbe la rivalité entre Magneto (Ian McKellen) et le Professeur Xavier (Patrick Stewart), les deux leaders rivaux de nos «amis» les mutants.
de Brian Synger
Etats-Unis, 2000, 1h40