Histoires de véritable humanité

Formée à Paris et établie à Neuchâtel, Orane Burri est l’auteure d’une douzaine de courts et de longs-métrages. Alternant documentaires, fictions, projets personnels et transmédia, elle développe depuis une quinzaine d’années une filmographie aussi passionnée qu’engagée pour «raconter au plus juste, quelques histoires de véritable humanité».

En 2009, elle réalise «Tabou», un premier documentaire bouleversant à la mémoire d’un ami qui a décidé d’en finir avec la vie. Féru de cinéma, le jeune homme utilise régulièrement la caméra comme confidente, avant de se donner la mort. Composant avec les images qu’il a léguées et les témoignages de ses proches, Orane Burri replonge dans ce douloureux passé et livre une œuvre foncièrement intime. La même année, elle s’empare de sa caméra pour observer l’armée suisse à la loupe dans «Armes fatales». Dans cette enquête d’une remarquable acuité, elle questionne la tradition helvétique qui autorise l’arme de service à la maison, celle-là même que son ami avait un jour retournée contre lui.

Se basant sur des réflexions rapportées par des femmes de son entourage, Orane Burri autoproduit «Non» (2013), un court-métrage de fiction qui flirte avec la réalité et mène une réflexion d’une vive actualité sur la condition féminine contemporaine. Elle revient ensuite au documentaire avec le bien nommé «Nettoyeurs de guerre» (2015), consacré à l’équipe de déminage de la Fondation Digger. Titré en référence aux accords du même nom, «Dublin» (2017) constitue l’aboutissement d’un projet à la fois créatif et social. Tourné en deux jours dans le Home Bâlois à Chaumont, le film évoque le destin d’un demandeur d’asile dans un centre d’accueil suisse.

Le 14 juin 2019, alors que l’appel à la grève des femmes évince les hommes, Orane Burri accompagne durant toute la journée un féministe en réponse à cette exclusion dans «L’Allié». L’année suivante, elle finalise «Le Prix du gaz», qui restitue la lutte épique menée par des citoyen·nes neuchâtelois·es contre un projet de forage gazier…

Site Internet d’Orane Burri

A propos du film «Nettoyeurs de guerre»
Dans «Nettoyeurs de guerre», Orane Burri suit les ingénieurs et démineurs de la Fondation Digger à Tavannes. Depuis leur vallée, ces hommes développent avec abnégation des projets titanesques et des machines de déminage révolutionnaires. Au Mozambique, en Angola ou en Serbie, leur déchiqueteuse de mines antipersonnel D-3, à l’effigie du fourmilier, fouille le terrain que contrôlent ensuite les rats démineurs de l’organisation belge Apopo. C’est ainsi qu’ils libèrent en un temps record des millions de mètres carrés envahis par les engins de la mort durant les conflits passés. Mais au-delà du dur labeur et des convictions subsistent le lobbying, les faux-semblants et la corruption qui gangrènent parfois les milieux humanitaires et les gouvernements. Dépassant la réalité du terrain, «Nettoyeurs de guerre» révèle le revers de l’idéalisme que représente le démarchage des collaborateurs de Digger auprès des ONG, donateurs et institutions officielles. Une plongée humaniste salutaire.
En VOD sur tv.blue.ch

A propos du film «Le Prix du gaz»
Présenté aux Journées de Soleure en 2020, «Le Prix du gaz – Une résistance citoyenne» restitue la lutte menée par des habitant·es du Val-de-Travers pour préserver les sources en eau potable alimentant le canton de Neuchâtel, menacées par un projet de forage gazier mirobolant. Dès la révélation de l’affaire en 2013, Orane Burri saisit sa caméra et se passionne pour cette question hautement politique qui l’entraîne à découvrir les arcanes de notre démocratie. Avec une forte détermination, elle donne la parole aux personnes engagées dans cet important acte de résistance démocratique et révèle toute la complexité du choix de nos ressources énergétiques.

Fruit d’un travail de longue haleine, le film a vu sa sortie sur grand écran brusquement interrompue par la fermeture des salles en octobre dernier… Une belle récompense est toutefois arrivée en ce début d’année 2021: le parlement neuchâtelois vient d’accepter une loi qui réglemente davantage l’exploitation du sous-sol et l’utilisation de la géothermie. Ce texte, qui ancre définitivement l’interdiction de la prospection et l’exploitation d’hydrocarbures, est né de la résistance citoyenne retracée par Orane Burri.
A voir dans les salles romandes dès la réouverture des cinémas