Bas les masques!

Les Journées de Soleure ont débuté cette semaine avec «Atlas» de Niccolò Castelli et, pour la première fois en 56 éditions, un film italophone en ouverture. Or,  le long-métrage du réalisateur luganais porte aussi une touche neuchâteloise: celle de la cheffe maquilleuse Martine Felber. C’est à elle que l’on doit les cicatrices d’Allegra, la jeune héroïne du film rescapée d’un attentat terroriste…

Née au Locle, fille de l’ancien conseiller fédéral, Martine Felber s’est formée comme designer textile à la Modefachschule de Saint-Gall avant de travailler comme maquilleuse-coiffeuse aux côtés de Suzanne Pisteur à la Comédie de Genève, sous la direction de Benno Besson. Spécialisée dans le maquillage de cinéma et les effets spéciaux, elle poursuit depuis sa carrière en tant qu’indépendante en Suisse et à l’international.

Il faut la chercher au générique, Martine Felber, car, comme beaucoup d’artistes qui œuvrent en coulisses, elle n’aime pas se retrouver sous les feux de la rampe. Elle a pourtant été cheffe maquilleuse-coiffeuse sur des dizaines de téléfilms, de séries TV et de très nombreux plateaux de cinéma, parmi lesquels ceux de «Vitus» (2006) de Fredi M. Murer, «Mary, Queen of Scots» (2013), film à costumes de Thomas Imbach, ou encore «Platzspitzbaby» (2020) de Pierre Monnard.

Martine Felber a ainsi réalisé, au cours de sa carrière, les masques d’actrices et d’acteurs comme Géraldine Chaplin, Martina Gedeck, Stefan Gubser ou Bruno Ganz, pour n’en citer que très peu. En 2014, elle a reçu le Prix d’honneur des Journées de Soleure, distinction qui récompense une personnalité pour son investissement particulier en faveur du cinéma suisse. Une juste marque d’estime pour son travail accompli dans l’ombre!

A propos des films

«Mary, Queen of Scots»
Le Lucernois Thomas Imbach élabore depuis près de vingt ans une œuvre très originale, souvent à la lisière du cinéma expérimental, entre tradition et nouvelles technologies. Avec «Mary Queen of Scots», coproduction franco-suisse qu’il a tournée en partie à Romainmôtier et au Château de Chillon, le réalisateur de «I Was a Swiss Banker» (2007) et de «Day Is Done» (2011) a réussi un modèle de film à costumes, accessible au grand public, sans jamais trahir ses exigences d’auteur. Adapté du livre de Stefan Zweig, son septième long-métrage raconte les infortunes de Marie Stuart (1542-1587), reine d’Ecosse. Avec une belle virtuosité d’écriture, Thomas Imbach y réussit une mise en scène subtilement allusive, où l’art de la litote lui permet d’investir le spectateur de manière très forte dans le récit, jusqu’à lui faire pénétrer l’intériorité même de sa malheureuse héroïne…
En libre accès sur playsuisse.ch

«Les Enfants du Platzspitz»
En 1992, la scène ouverte de la drogue du Platzspitz à Zurich est évacuée par les autorités. Prises en charge par les services sociaux, Sandrine (Sarah Spale) et sa fille Mia, 11 ans, prennent un nouveau départ dans l’Oberland zurichois. Mais la campagne idyllique est un paradis trompeur pour Mia, qui doit faire face aux problèmes de dépendance de sa mère toxicomane… Réalisé par Pierre Monnard, cinéaste romand implanté outre-Sarine (à qui l’on doit notamment les deux premières saisons de la série policière «Wilder»), «Les Enfants du Platzspitz» est tiré du récit autobiographique de l’écrivaine Michelle Halbheer. Dans la lignée de «L’Enfance volée» de Markus Imboden sur les orphelins placés de force, Pierre Monnard exhume un passé suisse peu glorieux par le biais d’un film très impressionnant et porteur d’espoir.
En VOD sur cinefile.ch