Que regarde Lady Chatterley (Marina Hands)?

Revenant des bois, où le garde-chasse et elle ont fait l’amour et «joui ensemble cette fois-ci», Lady Constance Chatterley (Marina Hands) lève les yeux au ciel. Nous sommes presque à la moitié du film «Lady Chatterley» de Pascale Ferran. Ce que Constance regarde, ce sont de lourds nuages noirs et l’orage qui gronde. Pourtant, elle ne s’en inquiète guère. Au contraire, elle semble se réjouir de la nature qui se déchaîne, en écho à sa sexualité libérée. Peu importe si elle est en retard et que l’on risque de soupçonner sa liaison, elle commence à revivre… C’est le printemps!

Ce photogramme dévoilant son regard exalté fait suite à un plan du ciel et un bruit de tonnerre. Il commence à pleuvoir et Constance se dépêche, tout sourire sous une pluie battante, de rentrer à la maison. Cette scène-clé fait écho à une autre, située plus loin, dans laquelle Constance et le garde-chasse courent nus sous une averse avant de faire l’amour dans la boue et les feuilles mortes.

L’eau est d’ailleurs l’un des motifs les plus récurrents du film. Du goutte-à-goutte sur la mousse des arbres au ruissellement de la source où Constance est venue boire et se rafraîchir plusieurs fois, l’eau gagne en importance au fur et à mesure de ses allées et venues dans les bois. Au rythme des saisons, elle participe à la transformation et à la libération de cette femme confinée si longtemps dans une existence morne.

A propos du film

Dans le Royaume-Uni des années 1920, Constance (Marina Hands) est mariée à Clifford (Hippolyte Girardot), un Anglais de vieille famille, à demi paralysé depuis la Grande Guerre. Propriétaire oisif d’une mine de charbon, Clifford passe son temps à débattre d’idées très intellectuelles avec ses amis. Spectatrice muette de ces discussions plutôt vaines, Constance sent grandir en elle un vide qu’elle ne s’explique pas. Aux premiers jours du printemps, elle commence à s’évader dans les bois, où elle rencontre le garde-chasse de son mari (Jean-Louis Coullo’ch)…

Adaptant «L’Amant de Lady Chatterley», écrit en 1927 par l’écrivain britannique David Herbert Lawrence et qui provoqua un grand scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, la cinéaste française Pascale Ferran en réalise sa propre interprétation. Récompensé de cinq César en 2007, dont ceux de la meilleure réalisation et de la meilleure actrice, «Lady Chatterley» nous fait éprouver d’une manière magnifiquement sensitive les allées et venues de la Lady entre la maison de maître et la cabane de son amant. Au rythme de la nature et des saisons, le film montre en effet l’amour et le sexe avec une grâce et un érotisme tels que l’on ne peut en être qu’ému·e!