What Will People Say

Née à Oslo, Iram Haq, jeune réalisatrice norvégienne d’origine pakistanaise, a fait de sa propre condition la matière passionnante de ses films qui explorent les questions d’intégration et d’émancipation. Après «Little Miss Eyeflap», un bijou de court-métrage mêlant prises de vues réelles et animation, où une jeune «chaperon rouge» à la peau basanée est sauvée par un chasseur norvégien des griffes de sa grand-mère intégriste, la cinéaste s’est fait très remarquer avec «What Will People Say» (littéralement «que vont dire les gens»), son deuxième long-métrage. Tiré du drame de sa propre adolescence, ce film poignant exprime avec force nuances le poids des traditions et de la communauté.

Respectueuse des coutumes à la maison, Nisha, une adolescente pakistanaise, se transforme en Norvégienne pur sucre lorsqu’elle retrouve ses amis dans les rues d’Oslo. Le jour où son père la surprend avec son petit ami, elle comprend que ce double jeu peut lui coûter cher. Et pour cause, sous la pression de la communauté pakistanaise bien installée en ville, son père lui réserve une punition exemplaire… Dépassant la chronique intime sur le passage à l’âge adulte, Iram Haq confronte deux mondes que tout oppose: la Norvège et ses grands espaces de liberté d’un côté, de l’autre le Pakistan et ses rituels dans lesquels les générations issues de l’immigration ne peuvent se retrouver. La cinéaste a également l’intelligence de représenter non seulement plusieurs générations de femmes, mais surtout des comportements féminins qui diffèrent selon les cultures. Un film-clé sur l’intégration.

de Iram Haq
Norvège/Suède/Allemagne, 2017, 1h46