Voyage à Yoshino

Bien inspirée par la splendeur et la spiritualité liées à sa province natale de Nara, dans la région de Kyoto, la cinéaste japonaise Naomi Kawase poursuit une filmographie passionnante empreinte de poésie et de spiritualité. Après les arbres à thé magiques de «La forêt de Mogari», les corps flottant de «Still the Water», l’hymne à la nourriture de «An – Les délices de Tokyo» et la méditation sur l’imaginaire de «Vers la lumière», Kawase nous plonge dans une nature sublime pour interroger notre rapport à la vision, au temps et à l’existence.

A la recherche de «vision», une plante médicinale magique qui permettrait de guérir la souffrance, une Française prénommé Jeanne (Juliette Binoche) se retrouve dans les montagnes de Yoshino, au Japon. Charmée par la nature, elle se lie à Tomo (Masatoshi Nagase), un garde forestier qui tente de sauver la nature d’une disparition imminente…

Invoquant des fantômes et la pensée shintoïste en faisant bruisser les feuilles, l’eau et le ciel de voix humaines, Naomi Kawase aborde avec une grâce inégalable les cycles de la vie, de la mort et de l’amour. Souffrant d’un passé sans doute douloureux, ses personnages se baladent à la recherche de mystères jamais élucidés. Restituant leurs visions anciennes, présentes ou futures, la cinéaste mélange les temporalités et multiplie les sensations, pour nous proposer un film certes incompréhensible par l’esprit, mais si apaisant pour le corps!

de Naomi Kawase
France/Japon, 2018, 1h49