Violence et passion

de Luchino Visconti |
avec Burt Lancaster, Silvana Mangano, Helmut Berger, Claudia Marsani, Romolo Valli, etc.

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    Tourné «en chambre» en raison de la maladie qui le mine (il mourra deux ans plus tard) Visconti a fait de l’utilisation exclusive des décors du studio un atout. «Il en résulte, dit-il, une évidente falsification, une image quasi magique d’un monde faux inventé à partir de détails entièrement vrais.» Un professeur italien, retiré dans son palais au milieu de ses tableaux, loue le premier étage de sa demeure à une famille de excentrique: la mère, la comtesse Brumonti, a un amant, Konrad, qui ne rêve que de pureté, mais couche avec la fille de sa maîtresse. Le professeur est peu à peu peu fasciné par la découverte de cette vie «anormale»; car il possède un savoir qui l’a, depuis toujours, détaché de la vie et de la création. Ce film, écrit Visconti, raconte «l’histoire d’un intellectuel de ma génération qui, n’arrivant pas à vivre en accord avec son temps, se heurte violemment à la génération d’aujourd’hui et sort de cette épreuve profondément meurtri pour le reste de sa vie.» On retrouve ici, dans ce film qui est l’un des plus beau (et les plus évidemment personnels) de Visconti, l’idée, ou plutôt la révélation que quelque chose vient trop tard: c’est le professeur qui découvre in fine, dans le jeune Konrad, à la fois un voyou, son amant et son fils spirituel. Face aux attaques du PCI, qui a accusé le film de réactionnaire, Visconti affirme: «C’est le film le plus politique que j’ai fait depuis La terre tremble. Cohérent avec ma propre vie, je fais la vivisection de la société italienne.» Il s’insurge ainsi contre «la tendance très actuelle à plier aux règles de l’ordre ancien la poussée du monde vers un ordre nouveau, et donc soumettre celui-ci en quelque sorte à l’ordre ancien.»

    GRUPPO DI FAMIGLIA IN UN INTERNO, Italie, 1974, couleur, 2h; programme n°31