Victoria

A voir vendredi 19 mai 2017 à 1h35 sur Arte |

Réalisateur symptomatique de la vitalité du cinéma allemand actuel, Sebastian Schipper a tourné «Victoria» en un seul plan-séquence au cœur de la vie nocturne berlinoise. Dans une boîte de nuit techno, une jeune immigrée espagnole prénommée Victoria tombe sur Sonne, Boxer, Blinker et Fuss, une bande de petites frappes, certes agressives mais drôles et attachantes. En quête d’amitié, Victoria se laisse entraîner dans une noce arrosée, avant de se retrouver dans de sales draps…

Caméra à l’épaule, Schipper suit frénétiquement Victoria entourée de ses quatre mauvais garçons. Dévoilant leur personnalité au cours de dialogues improvisés et d’autant plus prégnants, le cinéaste dresse le portrait d’une jeunesse en rupture dans un pays en crise. Le dispositif saisit à merveille l’authenticité de chaque instant. Les décisions sont prises sur le vif, dans le stress ou l’euphorie. Accordant ainsi le fond et la forme, le film aborde la perte de contrôle en immergeant le spectateur en son sein. Prenant, haletant, tendu, «Victoria» trouve dans les propriétés du plan-séquence un réalisme brut et un suspense efficace: privé de véritable montage, tourné à l’arrache en une prise de vue de 2h14, le film se débarrasse des artifices de la fiction au profit du suspense!

de Sebastian Schipper
Allemagne, 2015, 2h14