Victoria

Justine Triet s’est fait connaître en 2013 avec «La bataille de Solférino», l’histoire d’une journaliste de télé chargée de couvrir l’élection présidentielle de François Hollande, tout en gérant ses gamines déchaînées et une baby-sitter flegmatique. Suite au succès de cette comédie et à son goût pour «l’explosion de l’intimité dans la sphère publique», la réalisatrice française a réussi un deuxième long-métrage dans une veine similaire, avec l’excellente Virginie Efira.

Avocate pénaliste, Victoria Spick (Virginie Efira) jongle avec son travail, ses deux petites filles dont elle ne s’occupe pas vraiment et ses disputes avec son ex-mari. Tandis que son meilleur ami (Melvil Poupaud) la sollicite pour le défendre dans une querelle conjugale sans fin, elle engage comme jeune homme au pair un ex-dealer pince-sans-rire (Vincent Lacoste)…

Suivant le quotidien tumultueux de son héroïne, Justine Triet décrit ses états d’âmes et son parcours dépressif en ponctuant son film de rendez-vous pas piqués des vers chez un psy-canapé, une voyante-marabout et un naturopathe-hypnotiseur. Jouant ainsi de façon décalée avec les clichés de la comédie romantique, la réalisatrice française aborde l’incohérence des sentiments, les médocs, le manque de sexe et d’empathie qui jalonnent nos vies stressantes et angoissées.

Grâce à un subtil mélange d’humour et de sensibilité, sans oublier les interprétations sans fioriture de sa palette d’actrices et d’acteurs, «Victoria» parvient alors à rire avec la dépression, tout en se moquant par la bande de la misogynie crasse du monde du travail. Un équilibre subtil.

de Justine Triet
France, 2016, 1h36