Veillées d’armes

de Marcel Ophüls |
avec la participation volontaire ou involontaire d’innombrables journalistes, hommes politiques et militaires, parmi lesquels: Radovan Karadzic, Stéphane Manier, Martine Laroche-Joubert, Alain Finkielkraut, Philippe Seguin, Bernard Kouchner, Anne Sinclair, Christine OCkrent, Patrick Poivre d’Arvor, Walter Cronkite, Slobodan Milosevic, Bernard Pivot, Paul Amar, Alija Itzetbegovic, Général Philippe Morillon, Michèle Cotta, Bernard-Henry Lévy, etc.

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    Fils du cinéaste Max Ophüls (auteur, entre autres chefs-d’œuvre, de l’inoubliable «Lola Montès», 1955), Marcel Ophuls s’est fait connaître avec «Le Chagrin et la pitié» (1972), chronique d’une ville française sous l’occupation (Clermont-Ferrand). Fabuleux montage «orienté» qui confronte passé et présent, documents d’époque et interviews des survivants, cette œuvre fleuve (plus de 4h) détruit le mythe «politique» du Français résistant. En 1988, Ophüls approfondit encore sa démarche avec «Hôtel Terminus» qui rend compte du procès de Klaus Barbie, criminel de guerre nazi.

    Avec «Veillées d’armes», son dernier film en date, le cinéaste joue une fois de plus son va-tout, cette fois pour nous convaincre que «la première victime de la guerre, c’est la vérité». Installé à l’hôtel Holiday Inn de Sarajevo, où logent également les envoyés spéciaux des grands journaux et des télévisions occidentales, Ophuls suit avec son caméraman les journalistes dans leur mission «informative» à travers la capitale bosniaque assiégée. Donnant à voir les pratiques particulières au journalisme de guerre, désignant les problèmes éthiques que celui-ci pose, il croque avec férocité la pseudo-objectivité des télévisions qui couvrent les événements «yougoslaves». En 4h de film (programmé en deux parties), Ophüls, à son habitude, confronte images et interviews, qu’il ponctue par des extraits de films allant des délires des Marx Brothers à la comédie musicale américaine «Holiday Inn» (1942), sans oublier le film à costumes réalisé par son père et intitulé «De Mayerling à Sarajevo» (1940); ces extraits introduisent par la bande un commentaire qui permet au cinéaste d’exprimer sa propre subjectivité.

    Terrifiante d’acuité, cette subjectivité montre avec un humour désespéré comment la télévision crée ses «fictions» d’actualités. Ophuls mène cette démonstration en trois étapes: la première retrace la manière dont a évolué le journalisme de guerre depuis le conflit de Crimée et les premiers reportages du genre; la deuxième révèle les rapports, parfois surréalistes, liant les rédactions parisiennes et les journalistes sur le terrain; la troisième partie, enfin, tire des conclusions dont les média devraient à tout le moins s’inspirer.

    France, 1994, couleur; Premier voyage: 1h32 – Deuxième voyage: 2h20, programme n°33