Une Jeunesse chinoise (Summer Palace)

| Chine |
Cannes 06, en compétition
de Lou Ye


Vilipendée par les anciens (Zhang Yimou, Chen Kaige) qui se consacrent désormais à la réalisation de superproductions patriotiques, la nouvelle génération chinoise, soucieuse d’authenticité, peine à assurer sa survie artistique. Avec Jia Zhang-ke, Lou Ye en est l’un des éléments les plus engagés. Preuve en est son dernier film qui brise de façon fulgurante deux tabous majeurs de la société chinoise actuelle: l’évocation du sexe et le traumatisme de Tienanmen… Quittant sa campagne natale à la fin des années quatre-vingt, Yu Hong (Hao Lei) s’en va faire ses études à Pékin. Très séduisante, elle sème le désarroi dans un campus qui s’apprête à vivre de plein fouet les événements que l’on sait.

Elle finit par s’éprendre de Zhou Wei (Guo Xiaodong), un étudiant qui supporte mal cette relation fusionnelle. L’amertume supplante bientôt la griserie des sentiments. La déroute sera totale et finira par un mariage de «lassitude». Avec une audace bouleversante, le jeune réalisateur inscrit cette tentative de rébellion amoureuse dans une perspective plus large, au point que l’Etat n’a pas du tout apprécié «Une jeunesse chinoise» qui a été présenté à Cannes sans son accord. A son retour en Chine, Lou Ye a été frappé d’une interdiction de tournage de cinq ans! Le moins que l’on puisse faire pour lui est d’aller voir son très beau film…
YIHE YUAN, Chine / France, 2006, couleur, 2h20, programme n°141