Une Femme fantastique

Né en Argentine, de nationalité chilienne, Sebastián Lelio est issu de l’Escuela de Cine de Chile, fondée en 1995, et appartient à ces jeunes cinéastes dits «du tout nouveau cinéma chilien», tels Pablo Larraín ou Matías Bize, qui réinsufflent la vie dans le corps et le cinéma exsangues de leur pays. Excellent joueur d’échec et grand observateur des réalités sociales, Lelio s’est fait connaître à l’international avec «Gloria», l’histoire d’une héroïne des temps modernes qui trompe son désespoir à coup d’amourettes peu reluisantes. Avec «Une Femme fantastique», il réussit un nouveau film poignant, récompensé par l’Ours d’argent du Meilleur scénario au Festival de Berlin, qui aborde l’amour et le deuil face à l’intolérance crasse…

A Santiago du Chili, Marina, une jeune femme transgenre (époustouflante Daniela Vega), file une histoire d’amour passionnée avec Orlando. De vingt ans son aîné, cet homme marié et séparé a refait sa vie avec celle qu’il aime voir chanter dans les bars chics des gratte-ciels. Lorsqu’il meurt subitement, Marina se retrouve seule face à la famille du défunt, qui n’a jamais pu l’accepter. La considérant comme un monstre ou une chimère, ils lui ordonnent de disparaître…

Grâce à l’interprétation troublante de justesse de Daniela Vega, ainsi qu’à des séquences fantomatiques et des musiques qui rendent toute la pureté de son amour, le réalisateur chilien Sebastián Lelio livre le portrait d’une femme digne et forte face à l’ostracisme d’une société bourgeoise pourrissante et corrompue. Entre mélodrame et film noir, «Une femme fantastique» restitue le combat d’un être et d’un corps pour exister, qu’importe le regard obscène des autres!

Una mujer fantástica
de Sebastián Lelio
Chili, 2017, 1h44