Un Temps pour l’ivresse des chevaux

de Bahman Ghobadi |
avec Nehzad Ekhtiar-Dini, Amaneh Ekhtiar-Dini, Madi Ekhtiar-Dini, etc.


Caméra d’or du Festival de Cannes 2000 (un prix qui récompense le meilleur premier long-métrage de la sélection cannoise), «Un Temps pour l’ivresse des chevaux» est un film où l’on ne pleure jamais, «parce que c’est trop grave (Gérard Lefort dans Libération)». À la frontière Iran-Irak, en pays kurde, cinq frères et sœur effectuent «mille» petits boulots (souvent très pénibles) pour survivre coûte que coûte. L’aîné de cette petite communauté convulsivement fraternelle est paradoxalement le plus petit: atteint de nanisme, il ne peut travailler et est porté à la hanche, comme un baluchon, par les uns et les autres — mais son regard d’une profondeur indicible défie tout sentiment de pitié. Arrive le jour où la maladie le rattrape: il va mourir, à moins de subir une opération de «la dernière chance». Au cœur de l’hiver, les frères et sœurs fomentent alors une machination «humanitaire»: la sœur aînée se vend en mariage à une famille irakienne, tandis que l’un des frères, avec le mulet qui sert de dot, s’efforce de rejoindre l’hôpital le plus proche. Pour mieux résister au froid, on fait boire la mule… Perturbant, secouant, glaçant, mais terriblement humain, c’est à coup sûr l’un des plus grands films de l’année.
BAD MA RA KHABAD BORD, 1999, Iran, couleur, 1h48, programme n°87