Tous les autres s’appellent Ali

Cannes 1974, en compétition
de Rainer Werner Fassbinder
avec Brigitte Mira, El Hedi Ben Salem, Barbara Valentin, R.W. Fassbinder, etc.


Disparu en juin 1982, à l’âge de trente-sept ans, après avoir réalisé près de quarante films, l’Allemand de l’Ouest Rainer Werner Fassbinder n’a eu de cesse de vouloir exorciser par le cinéma la violence qui bouillait en lui. Une violence sourde dont il rendait responsable une société incapable de se bâtir sur un autre rapport que celui de la force… Un jour de pluie, une femme blanche d’un certain âge entre dans un café fréquenté par des immigrés maghrébins. L’un d’entre eux l’invite à danser. Elle lui dit sa solitude depuis la mort de son mari. Quelque temps plus tard, ils se marient. «Ça ne peut pas marcher, ce n’est pas naturel», murmurent les mauvaises langues…

Chant d’amour antiraciste et anticonformiste, troué de vérités proverbiales et sadiques, «Tous les autres s’appellent Ali» est sans nul doute l’un des films les plus éblouissants de son auteur. Empruntant au mélodrame sa férocité rentrée, Fassbinder dépeint par touches impressionnistes et impressionnantes la monstruosité des rapports de classe, où le faible finit par retourner la violence contre lui-même.
ANGST ESSEN SEELE AUF, Allemagne de l’Ouest, 1974, couleur, 1h33, programme n°130