Touki Bouki

Sénégal |
de Djibril Mambéty Diop |
avec Magaye Niang, Marème Niang, Mustapha Touré, etc.


En 1876, les puissances coloniales ne contrôlaient que 10% de l’Afrique, en 1900, elles en contrôlaient 98,9 %. Et aujourd’hui?… En 1986, soit quelque 13 ans après son passage à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes (tout un symbole!), le critique Louis Skorecki salue dans «Libération» la sortie parisienne du premier long-métrage du regretté Djibril Mambéty Diop: «Si le mot n’était pas si dévalué, on dirait simplement de «Touki Bouki» que c’est un chef d’œuvre». Au jour d‘aujourd’hui, ce film n’a rien perdu de son formidable impact, il incarne plus que jamais une manière d’«À bout de souffle» parlé wolof, un manifeste sidérant qui aurait été à même de catapulter le cinéma des siens dans une «modernité» qui n’aurait appartenu qu’à lui, si… Plutôt que de se lamenter sur le triste état actuel de la production africaine, mieux vaut voir et revoir ce «maudit» film, cette métaphore cinglante des contradictions d’un continent dont le rêve est à la dérive. «Touki Bouki» constitue toujours et encore une expérience sensible sans égale (et sans lendemain hélas) où le cinéaste métisse littéralement le cinéma en jouant des sons, des musiques et des images avec une rare impertinence. «Chez Djibril Mambéty Diop, pas de règles, il n’y a que des éclairs» (Frédéric Maire).
1973, Sénégal, couleur, 1h35; programme n°99