Top of the Lake (4-6 / 6)

A voir mercredi 12 août 2015 à 20h50 sur Arte |

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Quelle mouche a piqué certains réalisateurs de renom pour se mettre au service de la télévision? Après «Boardwalk Empire» de Martin Scorsese et «House of Cards» de David Fincher, la réalisatrice de «La Leçon de piano» s’est lancée dans l’aventure d’une mini-série intitulée «Top of the Lake». Pour quelle raison ces auteurs investissent-ils un terrain saturé d’innombrables séries qu’on ne parvient plus à distinguer pour leurs qualités? Force est de constater qu’une vague nouvelle déferle sur la planète TV et que les histoires version «petite lucarne» de ces réalisateurs sont étonnantes à plus d’un titre.

L’époque du plan d’ensemble fixe et éclairé aux néons semble révolue. Aujourd’hui, c’est tout le savoir-faire technique du cinéma qui imprègne ces nouveaux formats narratifs. L’inventivité de la mise en scène et des cadrages des «Breaking Bad» et autres «American Horror Story» révèle que le 7e art ne se contente plus des salles obscures. Le format court, quant à lui, permet aux cinéastes de renouer avec un style d’écriture qu’ils expérimentaient probablement à leurs débuts. En résultent des épisodes extrêmement aboutis sur le plan de la technique et véritablement surprenants au niveau narratif.

Ecrite par Jane Campion et son acolyte Gerard Lee, «Top of the Lake» raconte l’histoire de Robin Griffin qui, visitant sa mère en Nouvelle Zélande, se retrouve embrigadée dans une enquête sur le viol d’une fillette de douze ans. Au fil de son investigation, Robin découvre l’envers du décor de sa ville natale, peuplée d’un côté de personnages immoraux, et de l’autre, d’une communauté féministe salvatrice.

Grâce au format mini-série, Jane Campion prend le temps nécessaire au développement de chacun de ses personnages. Aussi, elle enrichit une enquête policière, somme toute classique, d’une dimension sociologique très poussée. Ces personnages atypiques, elle les intègre dans un cadre sauvage et mystérieux qui rappelle la poésie sombre des paysages nordiques de «The Killing». Nominée pour pléthore de prix, «Top of the Lake» prouve que la série télévisée est entrée dans une nouvelle ère auteuriste qui compte encore de beaux jours devant elle.

de Jane Campion & Garth Davis
Episodes 4-6 / 6
Australie / Nouvelle-Zélande / Grande-Bretagne, 2013, 3h