The Revenant

A voir en DVD!

Ancien animateur de l’une des radios les plus écoutées du Mexique, Alejandro González Iñárritu a accédé au rang des grands auteurs dès «Amours chiennes», son premier long-métrage, avant d’officier à Hollywood sans perdre sa patte d’auteur et son goût pour les intrigues et les personnages torturés. Primé à Cannes pour «Babel» et «Biutiful», le réalisateur de «21 grammes» a reçu pas moins de quatre Oscars grâce à «Birdman», un exercice de style plein de dérision. Avec «The Revenant», il replonge dans un univers sombre et s’impose à nouveau comme l’un des prétendants aux statuettes dorées.

Tiré en partie du roman homonyme de Michael Punke, lui-même inspiré de l’histoire «vraie» de Hugh Glass, «The Revenant» se déroule en Amérique du nord, dans l’Ouest sauvage de l’an 1823. Débarqués avec chevaux et fusils, les trappeurs français et américains se disputent le commerce de peaux au détriment des Indiens. Glass (Leonardo DiCaprio), qui a emmené avec lui son fils métis issu d’une union avec une femme pawnee, sert de guide aux yankees. Attaqué par un ours, il est laissé pour mort, mais survit envers et contre tout… Animé par un souci constant de réalisme, Alejandro González Iñárritu a opté pour un parti pris radical en tournant «The Revenant» en lumière et décors naturels. Epurée, rivée aux traces de son héros, la trame est aussi simple qu’efficace. Les dialogues sont rares, les cris et les grognements fréquents. Les flash-backs oniriques en hommage à mère nature évoquent Terrence Malick. La lutte pour la survie rappelle les expéditions suicidaires de Werner Herzog ou «Man in the Wilderness» de Richard C. Sarafian. Le génocide des Amérindiens convoque les westerns d’Anthony Mann.

Pour autant, «The Revenant» n’est rien de tout cela, ou tout cela à la fois. Car Iñárritu atteint à une puissance d’évocation inouïe. Bien que son personnage survive de façon invraisemblable, le cinéaste sait organiser l’espace, déchaîner une violence terrifiante et relancer à chaque fois l’action pour maintenir le spectateur dans son état d’immersion. Certes, en comparaison de ses pairs colonisateurs, le trappeur Glass est étonnamment ouvert à la culture autochtone, mais Iñárritu le remet intelligemment à sa place en questionnant le spectateur par le biais d’un plan final que l’on se gardera bien de dévoiler… Rarement l’histoire fondatrice des Etats-Unis n’aura été démythifiée de façon aussi inconfortable et radicale!

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