The Mule

Avec une bonne soixantaine de films en tant qu’acteur et bientôt quarante réalisations à son actif, Clint Eastwood est le plus grand auteur du cinéma américain contemporain. Cinéaste aux tendances conservatrices ambigües, il ne cesse d’explorer le cœur et la mémoire des Etats-Unis, tout en réinventant sa propre image. Dix ans après le génial «Gran Torino», dont le vieux réac’ signe la fin du justicier qui lui colle à la peau, il est de retour devant la caméra, et en pleine forme!

Earl Stone a vécu comme un flambeur et écumé l’Amérique, sans se soucier de sa femme, sa fille et sa petite-fille. A passé quatre-vingts balais, il se retrouve fauché, une fois de plus. Tandis que son entreprise fait faillite, il se voit proposer un job de passeur de drogue pour le compte d’un cartel mexicain. Au volant de son pickup, il devient une «mule» très performante. C’est que le vieil homme, grâce à sa cool attitude de routard, n’éveille pas l’attention de la DEA…

Inspiré de l’histoire vraie de Leo Sharp, un horticulteur qui a un jour résolu ses problèmes d’argent, «The Mule» déjoue toutes les attentes. Alors que l’on voit souvent venir l’arrestation du vieillard, le film prend des chemins de traverse en le montrant tiraillé entre ses envies de fiesta avec des prostituées et le besoin de renouer avec sa famille, l’argent aidant. Peu intègre, le bonhomme se permet alors des leçons de vie et de morale parfois très drôles. Une manière d’avouer ses propres ambivalences et d’enterrer définitivement son image de justicier, sans aucun doute!

de Clint Eastwood
Etats-Unis, 2018, 1h56