The Lost City of Z

A voir en DVD !

 

Cinéaste américain majeur, James Gray a réalisé à ce jour six long-métrages très divers, mais qui traitent tous de l’individu confronté au groupe, au clan familial ou à une classe sociale, rêvant de s’intégrer sans pour autant renoncer à ses convictions. Le plus souvent, Gray apparie cette problématique de l’appartenance aux thèmes de la filiation et de l’obsession. Avec «The Lost City of Z», le réalisateur de «The Immigrant» atteint les sommets de son art tout en restant fidèle à ses préoccupations.

 

Près de dix ans de travail et de difficiles négociations lui ont été nécessaires pour mener à bien ce projet que le tout-Hollywood considéra longtemps comme insensé! Gray s’est inspiré de l’histoire vraie du colonel britannique Percival «Percy» Harrison Fawcett qui, en 1906, quitta l’Angleterre pour aller explorer l’Amazonie, à la recherche d’une mystérieuse civilisation perdue, au risque de sacrifier sa famille et sa réputation.

 

Mandaté par la très sérieuse Royal Geographical Society de Londres pour cartographier une zone entre le Brésil et la Bolivie, ce dernier est persuadé d’avoir retrouvé la trace d’une civilisation ancienne, située au cœur de l’Amazonie. Obsédé par cette découverte, Fawcett est prêt à tout pour remonter jusqu’à la cité perdue. L’officier espère ainsi redorer le blason de sa famille terni par un père alcoolique, un péché capital à l’ère victorienne! Multipliant les voyages, l’explorateur poursuit inlassablement son rêve, imperméable au doute, insensible aux moqueries des bourgeois, mais aussi oublieux de son couple et de son fils…

 

Procédant par ellipses, Gray décrit l’aliénation progressive de son personnage, sans jamais porter de jugement réducteur. Bien au contraire, il chemine avec lui jusqu’à une conclusion à l’ambiguïté sublime, dont la dernière image s’évapore littéralement dans la jungle. Ce faisant, il atteint un équilibre miraculeux, où se fondent l’esprit d’enfance resté intact, la découverte sans préjugé de l’autre, la cruauté feutrée du jeu social et la grande Histoire en marche tueuse de rêves… On l’aura compris, «The Lost City of Z» est un chef-d’œuvre à voir de toute urgence, tant il nous redonne foi en la capacité merveilleusement affabulante du cinéma!

STUDIOCANAL