The Limits of Control

A voir mardi 27 janvier 2015 à 02h55 sur Arte |

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«Limits of Control» débute par un exergue citant les deux premiers vers du «Bateau ivre» de Rimbaud («Comme je descendais les fleuves impassibles / Je ne me sentis plus guidé par les haleurs») qui sonne comme un avertissement pour le spectateur, lequel ne va pas tarder à être effectivement livré à lui-même! Dans les toilettes de l’aéroport de Roissy Charles De Gaulle, un inconnu enfile un costard bleu moiré du genre dont se paraient les antihéros mutiques chers au cinéaste Jean-Pierre Melville. Rhabillé, le tueur (Isaach de Bankolé) rencontre deux autres types (Alex Descas et Jean-Pierre Stévenin) qui lui confient une mission énigmatique, en s’exprimant par aphorismes et dans plusieurs langues.

Le mystérieux séide se rend ensuite à Madrid, au Musée d’art moderne, puis rallie l’Andalousie pour se rendre à Séville, avant d’arpenter les étendues désertiques où furent tournés naguère maints westerns «spaghetti» raillant le genre-roi de l’ancienne Hollywood. A intervalles réguliers, notre homme s’arrête à une terrasse, commande «deux expressos dans deux tasses différentes». C’est un code car, à chaque fois, un nouveau personnage fait alors son apparition et lui remet une boîte d’allumettes. Cette dernière contient un message que notre tueur avale avec application, après en avoir pris connaissance.

En possession d’une nouvelle information, dont nous ne savons rien, il se remet ensuite en route. Attachés à ses basques, nous subissons alors l’intrigue, complètement dépendants que nous sommes de cet homme qui a toujours un coup d’avance et nous réduit à guetter la moindre de ses actions, à la recherche d’un sens ou au moins d’un indice. Avec l’humour efflanqué qui le caractérise, Jarmusch répond parfois à notre attente… Le titre de ce film déroutant et minimaliste prend alors toute sa signification: il s’agit effectivement d’éprouver «nos limites de contrôle»!

de Jim Jarmusch
Japon / Etats-Unis, 2009, 1h56