The Grand Budapest Hotel

Berlin 2014, Prix du Jury |
de Wes Anderson
avec Ralph Fiennes, Bill Murray, Mathieu Amalric, etc.

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Primée à la dernière Berlinale, la nouvelle dinguerie du réalisateur de «A bord du Darjeeling Limited» (2007) constitue un pur plaisir cinématographique. Après «Moonrise Kingdom» (2012), film d’apprentissage poignant s’il en est, le huitième long-métrage de Wes Anderson nous entraîne au cœur d’une Mitteleuropa imaginaire, imprégnée de la prose de Stefan Zweig.

Dans le sillage des comédies endiablées du Ernst Lubitsch période austro-hongroise, Anderson restitue avec sa folie poétique coutumière toute une époque fanfreluche, une manière de paradis perdu gangrené par la montée inéluctable de la peste brune… Déambulant dans les couloirs maussades du Grand Hôtel Budapest à l’ère soviétique, un écrivain vieillissant nous rappelle que les auteurs n’inventent rien, mais font leur miel des récits des autres. On le retrouve soudain plus jeune, en conversation avec le mystérieux Moustafa Zero qui propose de lui raconter comment il a hérité des lieux à une époque où son établissement était autrement superbe.

Débute alors une sarabande indescriptible, où le cinéaste joue de différents formats d’images, selon l’époque où l’on se trouve, pour nous narrer l’inénarrable histoire de Monsieur Gustave, l’homme aux clefs d’or. Pris d’ivresse, le spectateur croise au sortir de l’ascenseur Mathieu Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Ralph Fiennes, Tilda Swinton, Léa Seydoux ou encore Owen Wilson, qui se sont tous prêtés au jeu, faisant naître ce merveilleux sentiment d’exaltation triste, dont Anderson semble être l’unique et précieux dépositaire.
Etats-Unis / Allemagne, 2014, couleur, 1h40, programme n°188