The Father

Dramaturge de son métier, le Français Florian Zeller était loin de se douter que sa pièce intitulée en français «Le Père» ferait un véritable tabac dans sa version anglaise adaptée par Christopher Hampton, à qui l’on doit le scénario des «Liaisons dangereuses» de Stephen Frears. Ce succès fut tel qu’un premier film, titré «Floride», avec Jean Rochefort et Sandrine Kiberlain, vit rapidement le jour. Zeller a sans doute été déçu par cette transposition un brin dégoulinante de bons sentiments, au point d’œuvrer à sa propre adaptation cinématographique, intitulée «The Father», dont il a confié les rôles principaux à Anthony Hopkins et Olivia Colman.

Le film s’avère vertigineux et surtout très cinématographique dans sa manière de restituer le drame vécu par un vieil homme qui s’abîme peu à peu dans la démence sénile, s’égarant dans les méandres du temps sous le regard de sa fille bouleversée. Avec une maîtrise confondante, mais qui ne nuit jamais à l’émotion, le cinéaste nous contraint à adopter le point de vue de son personnage en butte à la chronologie, nous enfermant dans un labyrinthe anxiogène où le réel le dispute sans cesse à l’imaginaire. Par petites touches et d’imperceptibles changements de décors, le film nous conduit peu à peu à douter de tout ce que nous voyons et entendons. Dans un rôle que l’on espère de composition et qui lui valu l’Oscar du Meilleur acteur 2021, Sir Anthony Hopkins se révèle inoubliable.

de Florian Zeller
France / Grande-Bretagne, 2020, 1h37