The Big Heat

de Fritz Lang
avec Glenn Ford, Gloria Grahame, Lee Marvin, Jeanette Nolan, etc.


En 1933, Fritz Lang est convoqué par un Gœbbels admiratif qui lui propose de prendre la tête du cinéma allemand. L’auteur de «M le Maudit» préfère prendre le premier train pour Paris. Une année plus tard, le cinéaste en exil rallie Hollywood où il entreprend une seconde carrière durant laquelle il va tourner vingt-deux films, dont la critique fera pendant longtemps très peu de cas. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que la période américaine de Lang vaut bien l’allemande, voire plus. Tourné en 1953, «The Big Heat» (qui est sorti en France sous le titre un peu benêt de «Règlement de compte») en constitue le sommet incontesté! Un flic dont la femme a été assassinée part en guerre contre le milieu…

A partir de cet argument banal, Lang décrit de façon magistrale comment la violence gangrène de façon invisible toute la société, n’épargnant aucune classe. A mesure qu’elle remonte à la surface, elle se fait simplement de plus en plus répugnante. Mais, il n’y a pas à se leurrer, son abjection n’est rien d’autre que le produit pestilentiel de ce qui se trame dans les hautes sphères… Comme l’a très bien écrit Jacques Lourcelles, «The Big Heat» est sans doute «le film le plus intensément violent qui soit sorti d’un studio hollywoodien, mais aussi celui dont la violence est la plus porteuse de sens».
Etats-Unis, 1953, noir et blanc, 1h30, programme n°130