Si loin si proches

Programme n°216 |

Du 8 novembre au 26 décembre, Passion Cinéma présente neuf films qui nous rendent complices de leurs protagonistes, dans toute leur altérité! Avec en prime la visite de Barbet Schroeder, sans oublier l’avant-première de «Favela Olímpica» en présence de Samuel Chalard.

Qu’on se le dise! Urbi et orbi, la salle de cinéma conserve une aura particulière à laquelle ne peut prétendre aucun des écrans qui lui font désormais une concurrence démultipliée. Jamais une tablette, un téléviseur même surdimensionné, et encore moins l’un de nos misérables smartphones ne réussiront à instaurer l’incroyable relation de proximité et d’intimité qui se noue entre le spectateur et les protagonistes du film le temps de la projection.

A l’abri de toute distraction

Cette relation particulière a été décortiquée depuis belle lurette par les experts ès cinéma. Pour la produire et la reproduire ad libitum, il importe avant tout de pouvoir faire l’obscurité dans la salle, de façon à ce que le spectateur n’ait plus rien d’autre à regarder que l’écran, et lui seul. A l’abri de toute distraction dans le noir, il n’a d’yeux que pour ces images en mouvement dont l’espace semble n’avoir été organisé que pour lui, en fonction de lui… Allez donc générer un tel effet avec un iPhone!

Qu’on les aime ou les abhorre

Découle de ce dispositif unique en son genre notre disposition pour le moins étonnante (pour peu qu’on y réfléchisse) à entrer littéralement en relation avec les personnages qui s’incarnent à l’écran, qu’on les aime, les admire, les abhorre ou les rejette… Cette participation n’est jamais si impressionnante que lorsqu’elle naît de notre complicité par films interposés avec des protagonistes qui nous semblaient de prime abord complètement étrangers, que cela soit d’un point de vue psychologique, social, générationnel ou culturel.

L’altérité sans se dérober

Le nouveau cycle de films proposé par Passion Cinéma nous invite à réitérer de la façon la plus forte ce mode de reconnaissance de l’autre (qu’il soit monstrueux ou adorable) que seule permet la découverte du cinéma en salles. A la fois «si loin si proches» se révéleront dès lors la jeune bègue balbutiante de «M», la chieuse immature de «Jeune Femme», le nonagénaire irascible de «Lucky», le moine pépère du «Vénérable W.» appelant à l’extermination, les femmes iraniennes à la sexualité si malaisée de «Téhéran Tabou»…

Vincent Adatte